Are you ready for it + ft. Perséphone

Are you ready for it?

Assise sur son canapé et profitant des rayons de soleil qui entraient à travers ses très grandes fenêtres, Elena attendait l’arrivée d’une journaliste. Cela faisait déjà un certain temps qu’elle n’avait pas accepté d’interview, vu qu’elle avait passé ces derniers mois à se concentrer sur la composition de son album, qui était d’ailleurs bientôt fini et qu’elle allait sans doute pouvoir sortir avant la fin de l’année. Il lui restait encore du travail, bien entendu, mais elle avait surtout accepté cette proposition parce que le prénom de cette journaliste l’avait interpellée. Perséphone. Une drôle de coïncidence quand on savait d’où elle venait et surtout qui était son père. Un fait qu’elle n’avait évidemment jamais mentionné au public, mais elle n’en restait pas moins la fille d’Apollon pour autant.

Avant de prendre quelques minutes pour se relaxer, la blonde avait tout de même préparé de quoi accueillir son invitée. Une citronnade était maintenue au frais dans le frigo, et quelques petites pâtisseries, qu’elle était passée prendre à la petite boutique du coin de sa rue, étaient déjà disposées sur le plan de travail. Elle était dans ses pensées, à se demander ce que la mystérieuse Perséphone Rosi allait justement lui demander, quand la sonnette retentit. Sortant de sa torpeur, Elena s’était alors levée pour aller ouvrir, se retrouvant face à une très belle jeune femme. Qui ne lui donnait d’ailleurs pas l’impression d’être spécialement une déesse, en dehors du fait qu’elle était très belle.

« Bonjour, Perséphone. Je vous en prie, entrez. »

Se décalant pour la laisser entrer, Elena referma ensuite la porte derrière elle avant de la guider dans la cuisine.

« Vous pouvez vous servir, si vous en voulez. Et j’ai préparé de la citronnade, mais il y a aussi du café, si vous préférez. »

Toujours bien recevoir ses invités - et surtout les journalistes - une chose qu’Elena avait très bien apprise de son ancien patron. L’un des seuls adultes qui avaient pris la peine de lui apprendre des choses, d’ailleurs.

This is too crazy, even for me

— Perséphone Rosi & Dean Winchester —

Perséphone se sentait bien seule. Elle vivait avec Astrid, passait le plus de temps possible avec elle, mais ce n'était pas suffisant pour la jeune déesse. Elle se sentait seule d'une solitude oppressante, présente même en plein milieu d'une foule. Elle avait mis le doigt sur ce qui n'allait pas, bien consciente depuis le départ de ce qui lui manquait dans ce monde. Ou plutôt de "qui" lui manquait. Elle avait laissé son monde dans une situation impossible, tout était de sa faute et elle en avait bien conscience. Elle ne pouvait pas réparer ce qu'elle avait cassé, elle ne pouvait pas tempérer et éviter de laisser cet enfoiré de Thésée détruire tout ce qu'elle aimait. Elle était frustrée, terriblement et ce n'était pas le seul plan où elle n'était pas pleinement satisfaite. Le manque prenait Perséphone aux tripes, la rendant parfois un peu tendue. Elle regrettait presque l'époque où elle n'avait pas exploré toutes ces choses avec Hadès avant de se gifler mentalement se refusant à regretter quoi que ce soit lié à son époux. Parfois, lorsqu'elle était seule dans le noir, elle revivait ce moment où elle l'avait senti dans l'obscurité, espérant que ces fois là aussi il serait là à l'espionner. Elle l'espérait et elle réussissait à atteindre l'extase lorsqu'elle s'imaginait qu'il finissait par la rejoindre.

S'il y avait bien une chose que Perséphone avait et pour lequel elle était prête à se battre, c'était son travail. Après tout, elle n'avait plus que ça de son ancienne vie à Némaia. Elle s'était concentrée sur le journal qu'elle avait réussis à monter et sur les articles qu'elle y publiait hebdomadairement. Ce jour-là, elle était en chemin pour interviewer une jeune musicienne. Elle avait jugé bon de mettre en avant la culture sur toute une page de son journal en ligne. Parce que Perséphone gérait tout ceci toute seule malgré tout le temps que cela pouvait lui prendre. Elle y tenait pourtant. C'était sa manière de se tenir occupée, de ne pas penser à son mari, à ses amis et de se concentrer pleinement sur ce nouveau monde, cette nouvelle vie qu'elle n'avait pas le choix de vivre. Elle voulait aussi faire les choses bien et ne pas mettre une telle pression sur quelqu'un d'autre, parce que ça avait été son choix d'être aussi ambitieuse avec ce journal.

Elle était arrivée à l'adresse indiquée par l'artiste et avait sonné. Sa mère avait bien des défauts et avait commis pas mal d'erreur dans son éducation, Perséphone n'en restait pas moins une personne polie et bien élevée. Elle était donc pile à l'heure au rendez-vous et avait sonné à la porte ni trop longtemps ni trop peu. Elle attendit patiemment qu'on vienne lui ouvrir et offrit un sourire à Elena lorsqu'elle vit son visage dans l'embrasure de la porte. Perséphone s'essuya les pieds et franchi le seuil de l'appartement. Elle fut frappée par la luminosité et la spaciosité de l'appartement. Elle se laissa guider dans la cuisine et ne posa son sac que lorsqu'elle y fut invitée. Elle sourit à nouveau et répondis.

- La citronnade sera parfaite, merci.

Elle pris son téléphone portable pour enregistrer et son carnet de note. Elle préférait avoir un brouillon papier avant de tout taper au propre sur son ordinateur. Petit bonus, le calepin était moins lourd que son pc et elle se sentait moins encombrée. Elle remarqua les quelques pâtisseries posées sur le plan de travail et ne pu que penser d'Elena qu'elle savait bien recevoir ses invités. Elle pris alors son crayon et commença en douceur son interview.

- Je vous remercie encore d'avoir accepté de m'accueillir chez vous. Pour tout dire, je sais de vous ce qu'on dit à la TV, à la radio et dans les autres journaux, j'aimerais avoir une approche un peu différente. Si vous le voulez bien, plutôt que de ce concentrer sur vos albums, comment vous les écrivez, etc..., pourquoi ne nous concentrerions-nous pas sur qui vous êtes vous ? On peut deviner un peu votre personnalité à travers votre musique, mais si vous m'en disiez un peu plus ?

Are you ready for it?

Elena ne savait pas vraiment à quoi s’attendre avec cette interview. Bien sûr, ce n’était pas sa première, loin de là. Avec ses albums qui fonctionnaient depuis quelques années maintenant, elle avait dû discuter avec des journalistes, parler de sa musique, un peu d’elle aussi, donc elle y était habituée, d’une certaine manière. Mais quand elle avait accepté d’inviter Perséphone chez elle, la blonde avait eu cette sensation que son approche serait différente de celle des autres. Etait-ce parce qu’elle la soupçonnait d’être une déesse? Peut-être bien. Dans tous les cas, elle n’allait pas la traiter autrement que les autres personnes qu’elle pouvait côtoyer dans sa vie professionnelle. Une fois que Perséphone eut accepté la citronnade, elle lui en servit un verre avant de l'inviter à la suivre dans le salon. Elles pourraient s’y installer beaucoup plus confortablement et profiter de la lumière du soleil qui entrait dans la pièce. Elena se sentait toujours mieux quand ses rayons effleuraient sa peau.

« J’aime bien votre approche. Même si c’est un peu compliqué de se décrire soi-même, mais je vais essayer. »

Disons qu’on ne lui avait jamais vraiment donné l’occasion de le faire, aussi. Elena avait grandement été jugée sur ses actes, sur ce que les gens pouvaient voir et les interprétations qu’ils pouvaient en faire. Comme n’importe quelle personne qui était connue, sans doute. Et en général, les journalistes n’arrangeaient pas vraiment la chose. Ils avaient besoin de matière pour faire le buzz, pour vendre leurs articles. Elena comprenait que c’était leur travail, mais ce n’était pas pour autant qu’elle cautionnait toujours leur manière de faire.

« J’avais à peine dix-huit ans quand je suis arrivée ici. J’étais très jeune, perdue aussi. Je pense que ça peut vous donner une idée de l’état d’esprit dans lequel j’étais. »

Et un peu la base sur laquelle elle avait fini par se construire. Elena ne lui avait pas encore parlé de Damian, ni de sa sœur. Elle ne savait pas si elle le ferait. Même si les années étaient passées, c’était un sujet qui était toujours compliqué pour elle malgré tout.