A brand new life — Peridot

Elle ? Avoir chaud ? Il n'y avait aucune chance que cela se produise, même dans la région désertique qu'elle traversait en ce moment. Les Péridots ne pouvaient pas avoir chaud. Il y avait des éléments provenant du centre bouillant des planètes dans leurs compositions. Par conséquent, il était scientifiquement impossible qu'elle puisse avoir chaud. L'ancienne gemme insistait beaucoup, mentalement, sur ce point. Peut-être que si elle répétait suffisamment longtemps ces arguments implacables, la réalité se plierait à cette logique intérieure.

Hélas, au lieu de cela, Peridot arriva en nage au lieu de rendez-vous. Elle ressemblait à une touriste qui serait partie en vacances avec uniquement des tenues d'hiver dans ses bagages alors qu'elle se rendait à la plage et avait dévalisé complètement au hasard les rayons de la première friperie venue pour s'adapter aux réelles températures de son lieu de vacances. Un peu trop imagé ? Pourtant, il n'y avait aucun autre moyen de justifier le désastre vestimentaire qu'elle représentait. Un chapeau de paille était supposé la protéger du soleil tapant, mais n'empêchait aucunement son front d'être couvert de grosses gouttes de sueur. Une barre d'une pâte blanche, difficilement identifiable, lui barrait les joues et le nez. Ses yeux étaient cachés derrière une paire de lunettes, dont la forme laissait clairement comprendre que l'objet était destiné à protéger de la réverbération sur la neige et non contre le soleil. Le haut de sa tenue se composait d'un T-shirt sans manche orange, sous une chemise à manches courtes aux motifs criards. Le bas était un short beige trop épais, comportant au moins six poches visibles, toute bien remplie. Une paire de chaussettes blanches sur un modèle de sandale supposé idéal pour la marche. Les parties de ses bras et de ses jambes exposés à la merci du soleil étaient recouvertes à espace régulier des mêmes lignes de la pâte blanche qui traversait son nez.

Apercevant la personne qu'elle était venue trouvée, Peridot agita un bras avec un sourire enthousiasme, comme s'il était possible que l'autre personne n'ait pas pu la remarquer sans ce geste. L'ancienne gemme poussa un soupir de soulagement en s'arrêtant devant Lute, plantant son bâton de marche dans le sol. "Oui. Bonjour." Répondit-elle avec empressement, ponctué par un nouveau geste rapide de salutation. Peridot était impatiente de se débarrasser du protocole concernant les salutations d'usage pour passer à la suite, tout en refusant de totalement l'ignorer. Le protocole était le protocole. Elle réprima très mal un soupir. "Oui. J'aurais préféré ne jamais avoir à découvrir le complexe fonctionnement de refroidissement du corps humain. Mais, oui." C'est-à-dire le principe de la sueur, mais Peridot ne faisait et, surtout, ne disait jamais rien comme tout le monde. Elle sortit une gourde d'eau de sa sacoche et en but une grande gorgée, avant de la tendre à son interlocutrice avec un geste d'invitation. Là aussi, elle avait cru comprendre que son geste était une des nombreuses variantes d'un plus vaste protocole nommé 'politesse'. Lute lui avait beaucoup appris concernant ce protocole, surtout les variables impliquant de lui donner des choses ou rendre des services. Peridot était trop avide d'apprendre pour comprendre le piège. Tout comme elle était persuadée que leurs échanges d'informations étaient toujours équivalentes.

Peridot retira ses lunettes pour contempler rapidement le décor qui les entourait. Un soupir nostalgique se dessina sur ses lèvres. "Cet endroit aurait le potentiel de faire une très belle garderie." Commenta-t-elle. Elle adressa un regard pétillant à son interlocutrice. "Plus loin dans cette direction, il y a une chaîne volcanique où chaque volcan produit un minerai particulier." Ne put-elle pas s'empêcher de s'enthousiasmer, en agitant son bâton de marche dans la direction supposée de la dite chaîne volcanique. "C'est fascinant ! Tout simplement fascinant ! Je me demande quel potentiel aurait des gemmes nées d'une telle composition." Elle fut soudain prise de remords en se rappelant qu'une telle exploitation de potentiel avait un trop lourd coût à payer. Elle n'aimait pas ce monde, c'était un fait, mais elle ne souhaitait pas sa ruine pour autant. "Pardon... Déformation professionnelle." Marmonna-t-elle. Elle se racla la gorge pour clore cette parenthèse. "Et toi ? Tu as fait bonne route ?" Un autre protocole de politesse. Peridot avait compris que, lorsqu'on vous posait une question, le protocole exigeait qu'on retourne la dite question en ajoutant un 'et toi ?'. Le sourire de Peridot revint, plus large, et ses yeux pétillèrent d'une curiosité sincère. "Tu as trouvé quelque chose d'intéressant ?" Elle devait se faire violence pour ne pas piétiner sur place, impatiente d'entendre la réponse, et encore plus impatiente d'enchaîner ensuite avec ces propres découvertes.