The dark is when I feed ft Damon

Depuis qu’il avait retrouvé son humanité, on pouvait dire que Damon était un peu en galère. Enfin, disons plutôt qu’il n’était pas le premier fan pour faire face à sa culpabilité, et pas non plus la personne qui arrivait le mieux à gérer la chose. D’un côté, heureusement que Jessica était là pour l’empêcher de trop sombrer. Elle avait beau être petite et un très jeune vampire, on pouvait dire qu’elle avait une sacré poigne quand il s’agissait de le maintenir à la surface de la vie. Sauf qu’il ne pouvait pas toujours être en sa compagnie. Ce soir faisait partie de l’une de ces soirées qu’il aurait dû passer seul. Jessica était de sortie pour une raison quelconque, et Damon s’était donc décidé à sortir aussi.

Sauf qu’il n’avait pas de but précis. Trouver de quoi se nourrir lui semblait être une bonne option, même si ce n’était pas encore indispensable. C’est donc de cette manière qu’il avait quitté les rues bondées d’Arileon pour se diriger vers une région un peu moins fréquentée. Il n’avait aucune envie qu’un malotru lui tombe dessus pendant qu’il était en train de boire le sang de quelqu’un. Disons qu’il avait déjà bien assez de problèmes comme ça, ce n’était pas forcément la peine d’en rajouter. Et il venait à peine d’arriver dans la partie beaucoup moins fréquentée quand il sentit une odeur qui attira son attention. Celle du sang. Quelque chose de frais, peut-être même d’encore coulant d’ailleurs. C’était lui faciliter la tâche, pour le coup.

Mais en arrivant sur place, il n’y avait pas besoin d’avoir un master deux pour remarquer que le corps d’où provenait le sang n’était plus vraiment en état de marche. Et que la personne qui se trouvait encore là était sans doute le coupable. Damon s’apprêtait d’ailleurs à sortir l’une de ses meilleures répliques sarcastiques quand l’inconnu se tourna vers lui. Un inconnu qui n’en était pas vraiment un d’ailleurs, et qu’il ne s’attendait clairement pas à voir ici. Il faut dire qu’il le croyait mort, donc ça limitait quand même grandement ses chances de le croiser. Sauf s’il avait fait une Katherine.

« Enzo? »

La surprise se peignait très clairement sur son visage. C’était comme voir un fantôme, après tout. Pour Damon, Enzo était mort depuis longtemps, cramé dans la barbecue de l’Augustine qu’il avait lui-même provoqué.

« Quoi? Depuis quand tu m’accuses de tes meurtres? Je veux bien que tu m’en veuilles de t’avoir laissé cramer, mais quand même. »

Il s’était approché pour voir le travail d’un peu plus près et… Oui, clairement, ce massacre était digne de celui de son frère. Et ça l’inquiétait. Après tout, ce n’était pas impossible que Stefan soit ici. Et si Enzo était présent également, il était peut-être à nouveau dans sa phase boucher.

LYA

Bon, Damon devait bien avouer qu’Enzo avait raison, pour une fois. Ce genre de massacre, c’était pas vraiment son style. En fait, il aurait été beaucoup moins surpris de découvrir le visage de son frère, à cet instant. Parce que ce genre d’art, c’était beaucoup plus l'œuvre de Stefan Salvatore, en général. Du moins, quand il se laissait aller au goût du sang humain et qu’il se séparait de son humanité. Ce qui n’était pas arrivé depuis très longtemps, et ce qui l’étonnerait également, étant donné que son frère était sans doute en train de couler des jours heureux auprès l’Elena. Là encore, c’était une supposition, vu qu’il n’avait aucun moyen de savoir ce qu’il se passait dans son monde. La présence d’Enzo, par contre, il n’était pas capable de l’expliquer non plus.

« C’est surtout ta parole qui joue là-dessus, parce que j’en sais rien justement. »

Après tout, il n’avait jamais vu Enzo en dehors de la prison de l’Augustine, vu qu’il était le seul à en être ressorti vivant. Il n’avait jamais eu l’occasion de vérifier ses dires, et peut-être qu’il était en train de lui mentir. Ça l’étonnait d’ailleurs qu’il ne lui ait pas déjà sauté à la gorge pour l’avoir laissé là-bas. A sa place, il s’en voudrait. Et Damon s’en voulait réellement d’ailleurs. Ce choix n’avait pas été simple à faire pour lui, et il faisait toujours partie des nombreuses erreurs qu’il regrettait.

« Elle est pas si vieille cette histoire. Et de quelle princesse pleurnicheuse tu parles d’abord? »

Ce n’était sans doute pas Jessica, en tout cas. Du moins, il l’espérait pour Enzo, parce que là il ne se gênerait pas pour l’envoyer dans le premier mur venu. Mais si ce n’était pas d’elle qui parlait, alors qui? Une question à laquelle il n’avait pas la réponse, étant donné qu’Enzo était en train d’évoquer des événements qu’il n’avait pas encore vécu.

LYA

Enzo avait raison, il ne lui avait techniquement jamais menti. Ou peut-être qu’il n’en avait simplement jamais eu l’occasion, vu qu’il n’était pas sorti de l’Augustine. Ce qui rendait tout cela encore plus dingue aux yeux de Damon. Et aussi assez inquiétant, d’une certaine manière. Si Enzo, qui était censé être mort, ne l’était finalement pas et avait atterri dans ce monde… Et bien, qui d’autre pouvait en faire de même? Ouais, c’était justement ça qui posait problème. Damon n’était pas connu pour se faire des amis, et si ses ennemis morts revenaient de l’au-delà, il avait sans aucun doute du soucis à se faire.  Surtout pour des gens du genre Lexi qui se ferait sans doute un malin plaisir à le massacrer si son frère n’était pas dans le coin. Un enfer, vraiment.

« Très bien. Mais alors si c’est aucun de nous deux, c’est qui? »

Parce que la question se posait, bien entendu. Si un autre vampire était dans les parages et qu’il bâclait le travail de cette façon, ils allaient avoir des problèmes. Et ça, c’était le genre de truc qui pouvait l’énerver. Damon avait fini par bien s’établir ici, il n’avait aucune intention de fuir parce qu’un crétin ne savait pas se tenir en place. Ce qui incluait donc de retrouver cet individu et de l’éliminer une bonne fois pour toute pour être tranquille. Faire le ménage, en somme. Et même s’il n’était pas forcément enchanté de devoir en arriver là, Damon y prendrait sans doute un certain plaisir malgré tout.

« Oui ben quoi, Elena? C’est le problème de mon frère, pas le mien. »

Il en avait déjà bien assez de son côté, autant dire qu’il n’avait aucune envie de s’en rajouter. Et Elena était très clairement le cadet de ses soucis. Il devait déjà s’occuper de Jessica, son frère était bien assez grand pour s’occuper de sa propre copine tout seul. Et de toute manière, il n’avait pas envie de la revoir, ni de lui parler, ou d’avoir une quelconque interaction avec elle. Aucune envie de se retrouver encore une fois face au sosie de la femme qui l’avait trahi, il avait assez donné.

« Je commence sérieusement à douter de ta santé mentale mon vieux, j’ai aucune idée de quoi tu parles. »

Et honnêtement, c’était en train de lui donner mal au crâne, cette histoire. Enzo qui connaissait Stefan et Elena, qui avait voulu tuer son frère, tout ça n’avait aucun sens. Il ne manquerait plus qu’il lui dise qu’il avait voulu sortir avec sa mère, et là il le prendrait vraiment pour un fou. Mais Damon devait quand même bien avouer qu’il était content de savoir qu’Enzo ne lui en voulait plus de l’avoir laissé cramé telle une brochette oubliée sur le feu. Enfin, en partant du principe qu’il était honnête, évidemment. Et il valait sans doute mieux pour lui, sinon ils allaient réellement se retrouver face à un problème tous les deux. Du moins, un problème plus important qu’un cadavre trouvé dans le fond d’une ruelle sombre.

LYA

Les vampires imprudents étaient une véritable plaie. Et Damon en connaissait beaucoup sur le sujet, étant donné que son frère faisait partie de ces vampires-là quand il se nourrissait de sang humain. Et que lui-même en avait fait partie la seule et unique fois - ou presque - où il avait coupé son humanité. Bien sûr, il ne comptait pas son petit pétage de câble à son arrivée dans ce monde, même s’il était loin d’en être fier. Les circonstances étaient bien différentes de la fois précédente, et c’était d’ailleurs comique qu’il pense à cela alors qu’il revoyait Enzo. En effet, la première fois qu’il avait coupé son humanité, c’était en sa compagnie pour avoir le détachement nécessaire de le laisser brûler dans un véritable brasier. Un geste dont il n’était toujours pas fier aujourd’hui, mais son plus vieil ami semblait ne pas lui en vouloir. Ou plus, il ne savait pas trop. Ça aussi c’était un peu étrange d’ailleurs.

« Et qu’on le tue surtout. »

Ça pouvait paraître radical, mais tous deux savaient très bien que c’était le meilleur moyen de s’assurer d’un arrêt total des ennuis. Du moins, le temps que quelqu’un d’autre ne vienne les emmerder, et il espérait clairement être beaucoup plus tranquille ici qu’à Mystic Falls. Parce que oui, même en ne se souvenant pas d’une bonne partie des choses qu’il avait pu vivre dans cette ville, Damon savait déjà que cet endroit craignait un max. Après tout, c’était là-bas qu’il était mort en tant qu’humain, et c’était aussi sous cette ville qu’une vingtaine de vampires avaient été enfermés pendant plus de 100 ans. Sans parler des nombreuses sorcières brûlées qui faisaient aussi de ce lieu un aimant à truc surnaturels craignos. Donc perdre la mémoire, c’était sans doute le truc le plus normal qui pouvait lui arriver après tout ça.

« Je suis surtout en train de me demander si tes années passées à l’Augustine ne t’ont pas vraiment rendu cinglé. »

Ou alors… C’était un coup des sorcières comme Enzo venait si bien de le supposer. Ce qui n’était pas quelque chose de totalement idiot non plus. Damon était bien placé pour savoir que les sorcières avaient plus d’un tour dans leur sac et qu’elles pouvaient être sacrément agaçantes. Surtout les Bennett qui avaient vraiment le don de lui taper sur le système. A commencer par Emily qui l’avait sacrément pris pour un con en lui faisant croire que Katherine était enfermée dans la crypte alors qu’elle savait très bien que ce n’était pas le cas. Une vieille histoire, certes, mais Damon avait la rancune tenace.

« Ces saletés de sorcières… »

C’était loin d’être le plus étonnant, parce que Damon doit bien avouer qu’il ne s’attendait pas à ce que le “sujet” de Matt Donovan ne vienne dans la conversation. Ou plutôt qu’il soit évoqué. Pour être totalement honnête, le brun était même surpris qu’il soit resté en vie aussi longtemps, parce qu’il n’avait jamais cru qu’il ferait long feu. Un idiot pareil, ça survivait rarement, après tout.

« Tu connais Matt Donovan, sérieux? Il est pas mort? »

LYA

Damon ne se ferait sans doute jamais à l’idée qu’Enzo soit vivant. Ou plutôt, il avait encore un peu de mal. Disons que laisser son meilleur pote cramer en coupant complètement ses émotions, ça laissait des traces. Bien évidemment, il était soulagé qu’Enzo soit toujours en vie. Mais disons qu’à sa place, il aurait envie de se tuer, donc il restait tout de même sur ses gardes. Surtout que, dans le fond, il ne le connaissait pas si bien. Même s’ils avaient passé plusieurs dizaines d’années enfermés dans des cellules voisines, Damon n’avait aucune idée de qui était réellement Enzo, dans le fond. Lui-même ne le connaissait pas vraiment, encore moins après tout ce qu’il avait vécu ces derniers temps. Lui-même pensait connaître Katherine, après tout, mais il s’était fait berner comme tous les autres. Disons qu’il n’avait pas spécialement envie de faire la même erreur deux fois de suite.

« J’en sais rien, je t’ai uniquement fréquenté dans une prison, je te rappelle. »

Mais au moins, ils étaient sur la même longueur d’onde concernant ce vampire. Ce n’était vraiment pas le moment d’affoler la population et de se retrouver avec des dingues qui se déplaçaient avec des torches sur le dos. Surtout que, dans ce monde, Damon était parti du principe que tout était possible. Donc des humains qui se mettaient à les traquer était ce qui l’inquiétait le moins, dans le fond. Et il n’avait pas forcément tendance à imaginer le pire, mais c’était pourtant ce qu’il était en train de faire.

« T’es au courant que les fous ne savent pas qu’ils sont fous, au moins ? »

Mais Damon devait bien avouer qu’Enzo restait cohérent dans ses paroles. Surtout quand il s’était mit à parler de Matt Donovan, qui était mystérieusement toujours en vie. Et qui agaçait Enzo visiblement tout autant que lui, ce qui n’était pas vraiment étonnant dans le fond. Même si Damon se demandait ce qu’il avait à lui faire regretter. Dans le fond, Matt ne lui avait rien fait de mal personnellement. Il était juste là, et c’était agaçant à souhait.

« Pourquoi, qu’est-ce qu’il a fait ? »

C’était de la pure curiosité, bien évidemment. Mais ils avaient bien entendu un problème plus urgent à régler pour l’instant que de planifier une vengeance envers Matt Donovan qui ne pourrait pas courir plus loin que le bout de la rue. Et encore, c’était seulement dans le cas où ils lui laisseraient quelques secondes d’avance. Quaterback ou pas, il ne serait jamais plus rapide qu’un vampire.

« Il est probablement encore dans le coin. Je propose d’aller au bar le plus proche. »

Si c’était un boucher, après tout, il était sans doute déjà en quête de sa prochaine victime. Et les bars n’étaient pas seulement des buffets à volonté pour les humains, mais aussi pour les vampires. C’était l’endroit idéal pour trouver une proie, avec tous ces humains alcoolisés qui ne faisaient attention à rien et qui se draguaient déjà lourdement entre eux.

LYA

Damon et son sarcasme pouvaient être considérés comme une entité à part entière. Il savait qu’il n’avait pas toujours les bons mots et qu’il était loin de bien gérer toutes les situations auxquelles il pouvait être confronté. La preuve était à cet instant, où son sarcasme avait repris surface parce que sa culpabilité vis à vis d’Enzo le hantait toujours. Les années étaient passées, c’était vrai. Des décennies, même. Mais le temps, et même son humanité coupée pendant un certain temps n’avaient pas été suffisants pour passer au-dessus de ce sentiment. Au moins, Enzo semblait être passé à autre chose. Bon, non sans une tentative de vengeance qui avait visiblement échouée de ce qu’il en disait, mais il avait malgré tout fini par lui pardonner. Et peut-être qu’un jour Damon parviendrait à se pardonner lui aussi.

« Donc t’as plus l’intention de me tuer, t’es sûr de toi ? »

Histoire d’être sûr quand même. Même si Damon ne se trouvait pas actuellement dans l’une des meilleures périodes de sa vie, il n’était pas suicidaire pour autant. La preuve étant qu’il avait même fini par retrouver son humanité alors que rien ne le poussait réellement à faire ce choix, dans le fond. Mais contrairement à ce qu’il voulait bien laisser paraître la plupart du temps, Damon n’était pas un monstre. Il était simplement un homme, devenu vampire il y a plus d’un siècle, et blessé intérieurement depuis tout ce temps. Il avait juste une très mauvaise façon de traiter ses traumatismes. Donc oui, entre les fous et les éternels optimistes, comme pouvait le dire Enzo, il n’y avait parfois qu’un pas.

« Matt Donovan avec des gens plus qualifiés, vraiment ? Mais qu’est-ce qu’il leur est passé par la tête. »

Enfin, Enzo avait raison. La problème Donovan n’était pas présent, et ils avaient bien plus urgent sur le moment. Comme retrouver ce vampire qui faisait le petit poucet à coup de cadavres à la place des morceaux de pain. En tout cas, le corps était encore chaud, ce qui voulait dire que leur fugitif se trouvait encore dans le coin. Donc se rendre au bar le plus proche était le plus logique dans l’instant. Si ce vampire était jeune, il cherchait déjà sa prochaine victime. Si c’était un boucher, il ne s’arrêterait certainement pas là alors que la nuit n’arrivait pas encore à sa fin.

« Ouais. Il faudrait repérer les personnes seules, c’est à eux qu’il va s’attaquer en premier. En tout cas, c’est ce que je ferais à sa place. »

Ce n’était pas parce que ce vampire laissait des corps derrière lui qu’il était totalement idiot pour autant. Il avait juste un peu de mal avec la notion de ménage.

LYA