(LOLA) to nurture a garden is to feed not just the body, but the soul

Flora marchait à travers la danse forêt de Garia. Ses pieds effleuraient doucement le sol couvert de feuilles et de mousse. Il y avait quelque chose d’étrangement apaisant dans cet endroit, malgré son étrangeté. La nature parlait dans un murmure constant, mais c’était un langage qu’elle comprenait. Elle pouvait sentir la vie vibrer sous chaque racine, à chaque battement des branches au-dessus de sa tête. À la lisière de son champ de vision, un mouvement attira son attention. Elle s'arrêta, la main posée sur une branche pour se dissimuler derrière un tronc d'arbre ; ce n'était pas un animal, quelqu'un approchait.

Le bruissement de feuilles céda sa place à la silhouette d'une jeune femme émergée des fourrés. Elle n'était pas paniquée, amis semblait tout de même un petit peu égarée. Ses foulées au sol étaient fermes, de sorte qu'elle ne paraisse être habituée à marcher dans des endroits peu communs. Ses cheveux étaient légèrement ébouriffés, et il y avait quelque chose de familier dans l'intensité de son regard, même si Flora ne l’avait jamais vue auparavant.

Elle relâcha la branche, convaincue qu'aucune menace ne se présentait à elle, comme si elle avait pu détecter une telle chose à une telle distance, et se décida à approcher. Tout ce que Nemaia avait fait jusqu'à présent, c'était mener à elle une rencontre pleine de sens chaque fois qu'elle en faisait une nouvelle.

La jeune femme s’arrêta à une certaine distance, et Flora sentit la tension dans son corps. Une sorte de méfiance naturelle, peut-être ? Flora, pourtant, resta calme. Elle savait comment apaiser ce genre de situation. "

- Bonjour, dit-elle doucement, sa voix se fondant presque avec le bruissement des feuilles. Elle ne s'attendait pas à une réponse immédiate, et ce n’était pas grave. Parfois, les gens avaient besoin de temps pour s'acclimater. Elle enclencha un pas vers elle, sans forcément se diriger vers elle, comme pour réduire l'espace entre elles deux sans ajouter de tension à une quelconque menace. Elle sentait que cette rencontre allait être importante, même si elle ne savait pas encore pourquoi. Il y avait quelque chose dans l'attitude de la jeune femme qui lui rappelait quelqu’un cher : une force sous-jacente, mêlée à une certaine vulnérabilité. C'était comme une fleur qui ne s'ouvre qu'au bon moment.

Le silence sembla vouloir s'installer et Flora ne tenta pas de le briser. Elle ne voulait pas la faire fuir, elle ne voulait pas renforcer la tension qu'elle semblait détecter chez elle. Il en était hors de question. Ses yeux se posèrent de nouveau sur les arbres en voyant qu'elle ne répondait pas ; ils ne lui offriraient pas la réponse qu'elle voudrait, mais ils pourraient l'aider à prendre une décision, elle qui trouvait une certaine paix rien qu'en observant la nature.

- Je m'appelle Flora, dit-elle, peut-être un peu trop enjouée pour ne pas paraître pour quelqu'un de complètement décalé, peut-être même fou.


@Lola Carter-Rogers

Elle l’observa sans vraiment réaliser ce qu’elle regardait. Son cerveau remarqua des choses que ses yeux semblèrent refuser de voir. Cette femme était sur la défensive. Armée de vêtements de combats comme elle pouvait en voir chez les spécialistes, elle ressemblait davantage à une machine de guerre prête à faire feu sur elle à tout moment. D’ailleurs, sa main était posée sur ce qui, là où elle était, aurait dû être une arme ; mais elle ne la dégaina pas, laissant Flora davantage tranquille que si une arme à feu était braquée sur elle. Enfin, son cerveau l’imaginait. Puisqu’elle n’avait jamais été confrontée à cette situation, vraiment. Elle était toujours derrière les spécialistes, ou devant eux, mais jamais dans leur ligne de mire. Même lorsque ceux-ci étaient envoûtés par les sorcières de la Tour Nuage. Puis leurs armes n’étaient pas particulièrement des armes à feu non plus, ce qui limitait déjà les dégâts.

La posture de la femme face à elle restait défensive malgré la volonté de Flora de démontrer qu’elle n’était pas un danger ; elle le comprenait. Elle-même aurait pu se méfier si elle avait été avec ses amies. Musa et Layla, ses meilleures amies, auraient peut-être même peu appréciée de la voir avoir autant confiance dans l’autre, sans jamais craindre qu’on puisse la lui faire à l’envers. C’était peut-être ça, la définition de la naïveté en un seul mot : Flora.

- Non. Je ne suis pas perdue je… Elle n’était pas certaine de pouvoir dire ce qui la motivait à être ici. Les gens pouvaient ne pas comprendre sa relation à la nature. Mais s’en en avait-‘elle quelque chose à faire ou s’en fichait-elle royalement ? Ah oui, c’est vrai. J’ai tendance à venir par ici pour me ressourcer et découvrir. La nature a un quelque chose de… revigorant pour moi.

Flora n'imaginait pas un instant qu'elle puisse soulever des questions dans la tête des gens sur sa pote ruelle dangerosité. Elle n'était une menace pour personne. Enfin, sauf quand elle le désirait vraiment, comme c'était le cas des Trix, bien que la jeune fée de la nature ne doutait pas un seul instant qu'aucune des trois sorcières ne la prenait au sérieux, seule, sans son groupe d'amies avec lesquelles elle était très clairement bien plus forte et puissante qu isolée. Une attaque de plante, ça fait peur à personne, pas vrai ? Enfin, sauf des plantes carnivores mais Flora était loin d'être à ce point retors. Peut-être a tort, d'ailleurs.

Elle lui disait voir, mais Flora sentait comme une incompréhension qui tentait de ne pas pointer le bout de son nez dans la voix de la jeune femme face à elle. Alors elle fit ce qu'elle faisait de mieux : sourire avec une grande douceur. Sans jugement, sans a priori, sans arrière pensée. Le simple fait qu'il lui semblait un paradoxe naître entre les paroles et la réalité lui donnait l'impression d'un effort d'une inconnue pour la comprendre et elle appréciait l'effort, oui.

Ses sourcils se froncèrent. La ville. Tout dépendant ce qu'elle entendait par là. Elle savait Lodium assez peu propice à la vie, pour avoir été bloquée un temps dans la région avant qu'on ne lui porte secours. Musa. Elle se racla la gorge. La forêt était le seul coin de cette région aride qui ne lui donnait pas la sensation d'étouffer.

- À un kilomètre au nord, vous sortez de la forêt. Le chemin le plus rapide pour la quitter. Mais si vous voulez la ville, il vous faudra prendre la direction est. Je ne sais pas exactement pour combien de temps vous en avez, cependant. J'ai tendance à ne pas voir les kilomètres marchés, ni le temps s'écouler quand je me promène.