First Day of School. + Jeremiah.

Le campus bouillonnait de vie en cette matinée de rentrée, envahi par les éclats de voix, les rires, et les retrouvailles. Des groupes d’étudiants s’agglutinaient dans les allées, des sourires complices illuminaient les visages, et l’atmosphère était chargée d’une énergie à la fois familière et excitante. Mais pour Michael Wheeler, tout cela paraissait encore étrangement lointain, comme s’il observait cette scène derrière une vitre. Immobile à l’entrée principale, il semblait presque vouloir se fondre dans le décor, espérant que personne ne le remarque.

Il s’était fait à la solitude. Les deux dernières années, passées chez lui, avaient creusé un fossé entre lui et le monde extérieur. Seuls les pas silencieux de sa sœur résonnaient parfois dans la maison, un mince fil qui le rattachait à la réalité. C’était elle qui, avec patience et douceur, l’avait encouragé à reprendre le fil de sa vie, à envisager de reprendre ses études. Mais l’idée de quitter la sécurité de leurs murs, de faire face à un monde plein de visages inconnus et de souvenirs douloureux, l’avait longtemps terrifié. Il n’aurait pas cru que ce jour viendrait, le jour où il franchirait à nouveau les portes d’un établissement, un pas décisif vers un avenir qu’il s’était presque résigné à abandonner.

Il prit une profonde inspiration, sentant son cœur battre un peu trop vite, et osa avancer d’un pas. Il se sentait vulnérable, exposé, comme s’il portait sur lui les cicatrices de ces années perdues. Ses mains moites resserrèrent la lanière de son sac, un geste instinctif pour tenter de calmer son anxiété. Son regard glissa alors autour de lui, effleurant les visages des autres étudiants sans s’y attarder, jusqu’à ce qu’il remarque une silhouette un peu en retrait, debout à quelques mètres de lui.

L’étudiant était plus âgé, probablement dans ses dernières années de cursus. Il arborait une expression sereine, presque rassurante, et semblait étudier le flot d’étudiants avec une curiosité tranquille. Lorsque leurs regards se croisèrent, Michael ressentit un léger vertige, une sorte d’appréhension mêlée de soulagement. L’inconnu lui adressa un sourire franc et bienveillant, comme une invitation silencieuse à se sentir, lui aussi, à sa place.

Sans trop comprendre pourquoi, ce simple sourire allégea quelque peu la tension qui alourdissait ses épaules. Michael détourna rapidement les yeux, une vague de chaleur lui montant aux joues. Pourtant, ce bref échange lui laissa une impression étrange, presque rassurante. Il ne le savait pas encore, mais cet étudiant s’appelait Jeremiah, et il deviendrait bientôt son parrain sur le campus. Peut-être même, au fil du temps, deviendrait-il un ami, quelqu’un qui l’aiderait à apprivoiser ce monde qui lui semblait si étranger et à retrouver une part de lui-même.

Michael expira doucement, sentant une once de courage naître en lui. Pour la première fois depuis longtemps, il se surprit à imaginer que cette rentrée ne serait peut-être pas aussi insurmontable qu’il l’avait redouté.