(LUTE) madness

Psyché était arrivée au café comme d'habitude, sa routine bien établie, même si, en réalité, elle n'aimait pas vraiment cet endroit. C’était bruyant, un peu trop lumineux et l’air y était saturé d’une fausse convivialité. Mais c’était là, juste à côté de son lieu de travail, et elle en avait besoin. Une petite pause pour respirer. Le barista la salua, et elle lui répondit d’un sourire distrait. Elle se dirigea vers une table près de la fenêtre, tentant de se perdre dans la foule qui l’entourait, histoire d’échapper un instant au regard que les gens ont sur elle en la voyant comme Ampelus. Rares étaient ceux qui avaient pu découvrir sa véritable identité, lors des rares fois où elle avait réussi, sans même le désirer à redevenir Psyché, l’espace d’un instant. Peu de choses séparaient ses deux identités à Nemaia, mais suffisamment pour que les gens ne les reconnaissent pas comme une seule et même personne. Pour l’instant, et ce jusqu’à la prochaine fois que le destin voulait bien la libérer de cette apparence, elle était coincée dans cette forme qui n’était même pas la sienne, un semblant de vie qui la faisait se sentir à la fois étrange et inutile. Et les lieux se jouaient d’elle, lui donnant parfois l’impression d’être parfois elle, quand, par tout hasard, elle redevenait officiellement Psyché, loin d’Ampelus.

À côté d’elle, se trouvait une autre femme. Il faut dire que l’endroit n’était pas bondé pour une fin de journée. Rien n’aurait pu les faire discuter ensemble, si ce n’est l’énervement de la jeune femme à côté d’elle, qui sortit Psyché de ses pensées qui, toutes, allaient encore et toujours vers Eros. Elle était pathétique, quand on y réfléchissait, après tout. En concentrant son attention sur elle, malgré sa distraction vers ses pensées, Psyché fut surprise par le manque de patience qui émanait d’elle. Si bien que, distraite par cette impatience clinique, elle ne réalisa d’abord pas ce qui la dérangeait. Il lui fallut plusieurs secondes pour que ses yeux se posent sur le petit outil rectangulaire qu’elle avait dans les mains et sur lequel elle appuyait en rouspétant sans la moindre discrétion. Quand elle fut sortie de sa torpeur en raison de sa surprise, Psyché se pencha doucement vers elle.

- Excusez-moi. Puis-je vous aider ? Vous avez l’air d’avoir de la difficulté à… peu importe ce que vous êtes en train de faire, à vrai dire. Parce que même elle ne saurait pas expliquer ce que sa voisine de table semble faire : se servir d’un téléphone portable ou le réduire à l’état de poussière ?

@Lute Ardenguard