Because we are no saints (Lute)

22h00, je n'ai quasi pas dormi. J'ai tenté de décaler mon sommeil pour être sûre d'être en forme pour cette journée fatidique, mais force est de constater que j'ai mis un temps monstre à m'endormir et qu'une fois dans les bras de Morphée, je n'ai pas été capable de faire autre chose que de cauchemarder. Cette journée, je l'adorais avant c'était même celle que je préférais de toute l'année. L'Extermination. Ca avait toujours eu un goût d'adrénaline, une sonorité agréable en plus d'être un jour particulièrement agréable. Pourtant aujourd'hui tout est bien différent... Il faut dire que quand tout a perdu sa saveur, quand on ne ressent plus qu'un amalgame homogène de colère et de tristesse, ce qui nous plaisait avant est bien différent. A commencer par le lever. Ce n'est pas par un tambourinement à ma porte que j'ai été réveillé mais par mon propre cri et mes larmes couplé comme à chaque fois d'une douleur insupportable me tordant les viscères. « Combien de temps ce fichu deuil va-t-il continuer à me tourmenter ? » C'est cette pensée qui suit chacun de mes cauchemars et je l'étouffe aussi vite qu'elle arrive. Il n'y a que dans les moments où je suis seule que je m'autorise à être faible, à être vulnérable mais toujours dans un laps de temps court. Parce qu'il n'est pas question que je me morfonde, il n'est pas question que je me laisse happer par toutes ces émotions négatives. Il me manque chaque jour, chaque heure, chaque minutes et même chaque seconde, mais je ne peux pas me laisser aller. Ma colère est mon carburant, elle me boost, m'empêche de me laisser aller et me permet d'avoir un but, un nouvel objectif à suivre. JE dois venger Adam, je dois faire perpétuer son œuvre -et par là je parle des Exterminations bien évidemment-. Je prends une dose de café aussi grande que besoin, m'étire avant de prendre une douche pour finalement revêtir ma toge. Je prends le temps d'observer ce que me reflète le miroir. Je n'avais jamais aspiré à tout ça, l'auréole et les ailes dorés, le grand "L" brodé sur ma poitrine et surtout mon bras... Il m'arrive encore parfois de le sentir et d'avoir des douleurs fantômes, comme s'il était encore là... J'aurais préférer que nos deux places soient échangées, que ce soit lui qui perde un membre et moi la vie. On ne peut changer le passé et tout ce qu'il me reste à faire, c'est aller de l'avant, du mieux que je le pouvais. J'ai un héritage à transmettre et j'espère sincèrement qu'il serait fière de moi s'il pouvait me voir.

23h30 Le paradis est calme à cette heure seule des ombres noires et blanches se dirige vers le quartier général des Exorcistes. Il est temps pour moi de faire le discord pré-Exterminations. Elles sont toutes préparées à la possibilité de se faire attaquer par les Sinners maintenant qu'ils savent qu'ils peuvent s'en prendre à nous. Ces déchets ont apparemment passés des années à ramasser nos armes une fois l'Extermination terminée, grouillant et sortant de leur vile cachette telle les vermines qu'ils étaient. Nous devons rester sur nos gardes pour ne pas risquer de perdre autant d'Exorciste que l'année précédente. C'était horrible, un vrai massacre. Oeil pour oeil... J'ai compris que m'en prendre à cette salope de petite princesse parfaire n'allait rien changer. Elle et ses amis avait une super force parce qu'il croyait au pouvoir de l'amitié. Laissez moi vomir. Ils allaient faire front commun cette année encore. Alors il suffisait de faire partir un escadron à l'hôtel pour les tenir occupée (ce n'était pas les Exorcistes les plus indispensables) pour en suite nous abattre sur le Cercle de l'Orgueil telle une pluie mortelle. Cette année devait être la plus sanglante des Exterminations. Nous allions massacrés le plus de Sinner possible pour leur faire mal, pour appuyer sur la plaie chaque année, pour ne plus qu'elle puisse se refermer.

- Pour ce qu'ils nous ont pris on ne peut épargner personne. Aucun geste de miséricordes ne sera tolérer. Ils doivent payer. Je compte sur vous toutes pour qu'aujourd'hui soit la plus sanglante de toutes les Exterminations, pour que l'Enfer tremble encore plus face au décompte. Vous êtes tous de très bonne guerrière, rendons-le fière et battons-nous pour la protection du Paradis. Cette année sera la plus grande, la plus glorieuse de toutes les Exterminations ! Je compte sur vous toutes.

23h55 Les minutes s'étirent j'ai l'impression qu'elles le font exprès pour me torturer, que plus je vais penser à ma vengeance sur le point de s'accomplir, plus le temps se fera long tentant de me bloquer. Il peut me tester, j'ai et je resterais toujours fidèle à ma cause. Nous sommes toutes prêtes, casques sous le bras attendant le bruit libérateur qui fera pleuvoir des Anges sur tout l'Enfer.

Minuit. Quand il arrive enfin, je suis la première à sauter dans le portail. Je ne serais pas à l'hôtel, je veux faire durer le plaisir de ma vengeance, la dernière fois que je l'ai laissé m'aveuglé j'ai perdu plus que ce que je ne pourrais jamais perdre. A peine arrivée j'atterrie sur un Sinner et lui plante mon épée dans le crâne. Certains tentent de s'enfuir en courant, comme s'ils pouvaient échapper au néan... Ils hurlent, cris implorent et cette douce mélodie me comble de joie. Le nouveau bras que m'a offert Sera est plutôt pratique même si je ne suis encore pas totalement à l'aise avec la visée. Les Sinners seront des cibles d'entrainement on ne peut plus parfaite. Le sang à beau ciglé, tachant le blanc si pur de ma robe, je ne ressens pas cette sensation grisante que j'ai pu avoir les années précédentes. Comme s'il me manque quelque chose pour que ces Exterminations soient réellement parfaites.  Je savais bien de quoi il s'agissait, tuant dans l'oeuf cette pensée cette impression que ce n'était pas quelque chose mais bien quelqu'un. Alors je me perds dans la tuerie, je laisse s'exprimer mes pulsions les plus sombres. Nous ne sommes pas aussi méchant que les Sinners veulent le le laisser croire. Nous sommes obligés d'être comme ça pour purger les Enfers, pour protéger le Paradis et ses Winners. Sérieusement, nous sommes les anges purificateurs et vengeurs tout ce que nous faisons c'est pour le bien commun. Ils ne méritent pas de vivre ils ont eu suffisamment de temps de leur vivant pour bien agir, ils n'ont pas agis en conséquence tant pis pour eux, leur Enfer sera éternelle jusqu'à ce qu'on les tue à nouveau.

Ma vision est tentée de rouge, je ne vois plus que des cibles sur lesquels je tire ou que j'achève à l'épée. Il ne sont rien et ne m'aspire que de la répulsion. Quand ils finissaient par rendre leur dernier souffle, tout ce que je ressens, c'est la satisfaction. Ce sentiment qui grandit au fur et à mesure que j'ai l'impression de devenir folle. Une année de sentiments refoulées, de colère qui remonte à la surface et peu enfin s'exprimer. Je ne réfléchis pas, comme guidée par ces pulsions. J'avance, je tue, je continue. Cette petite princesse voit elle ce qu'elle me force à faire ? Sérieusement c'est triste d'en arriver là, non?

Un bruit derrière moi attire mon attention. Cela fait quelques rues que je me sens suivie de loin, j'ai innocemment pensé qu'il s'agissait de l'une de mes Exorcistes. Je fais volte-face et tire avant de me ruer sur lui pour le faire tomber.  J'ai manqué ma cible avec mon tir, mais pas avec le coup de pied que je lui envoie dans le ventre. Encore un idiot qui croit pouvoir s'en prendre à un ange par derrière. Je me positionne au dessus de lui et brandit mon épée.  J'ai perdu le compte de mes victimes, ça n'a pas d'importance, tout ce qui compte c'est que le sang coule à flot dans les rue de Pentagramme City.

00h30 Pourquoi ? Pourquoi est-ce que mes bras tremblent et refusent de m'obéir ? Pourquoi est-ce que mes jambes sont sur le point de me lâcher. Pourquoi est-ce que ma gorge s'est serrée et mes yeux me brulent-ils ? C'est peut-être le choc, mais je connais ce visage. Non. C'est impossible, mort et retourné à la poussière, il ne peut pas être resté là et encore moins devenu un Sinner... Dieu n'aurait pas osé. Pourtant je reconnais mille et une similitude chez cet homme. Je le connaissais mieux que quiconque, plus que moi-même j'ai appris par coeur chacune de ses expressions, je connais son corps, ses mimiques, sa gestuelle... Je n'ai aucun doute sur qui il est, mais j'ai plus que du mal à y croire. Pourtant, dans un geste totalement contrôlé, mes jambes se plient et me laisse tomber sur lui. Il ne semble pas comprendre ce qu'il se passe et il faut avouer que moi non plus. Je hotte mon casque couvert de sang pour mieux voir et demande simplement...

- Adam?

Pas de Sir, de titre ou de surnom. Simplement son prénom, parce que c'était comme ça que je l'ai toujours appelé, le reste est arrivé après. Si de manière officielle il portait son titre et je le vouvoyais ce n'était pas la même quand nous étions seulement tous les deux. Parce que nous avions eu cette proximité, ce lien. Les choses auraient probablement été plus facile s'il n'y avait rien eu, je n'aurais pas souffert de sa perte comme je le fais depuis un an maintenant. Parce qu'il comptait, il comptait plus que tout, plus que n'importe qui d'autre et ce depuis avant mon arrivée au Paradis. Il avait été mon sauveur, ma cause avant de devenir bien d'autres choses quand nous avons pu nous côtoyer un peu plus. Il m'avait donné accès à une famille: les Exorcistes et jamais je ne pourrais lui rendre tout ce qu'il a pu m'apporter. La dévotion que je ressentais pour lui n'avait pas d'égal.

Passer un an avec pour seul objectif me venger avait été prenant. Je n'avais laissé place à rien d'autre que l'entrainement, j'avais été dure et sévère avec celles qui étaient à présents mes Exorcistes. J'avais souffert en silence, laissant de la manière la moins saine possible ma peine ressortir: par le biais de la colère. Le psy que je n'avais pas -et n'aurais probablement jamais- aurait pu clairement me catégoriser comme bloquée dans cette phase de mon deuil tout en me faisant comprendre que j'étais bloquée dans le déni aussi. Par chance, je n'avais pas de psy sinon je lui aurais probablement lancé un objet quelconque au visage pour le faire taire. On pouvait peut-être trouver que j'avais de la chance d'être encore en vie, que j'étais entourée par mes Exorcistes, par Sera. Dans la finalité, j'étais à la fois trop entourée et terriblement seule. Je n'avais jamais eu de problème avec ça, préférant le calme et ma propre présence à celle de nuisible de tranquillité, pourtant, ça avait été bien plus dur que ce que je pensais. Ce n'était qu'une main qui prenait la mienne, qu'une tête posée sur mon épaule ou le haut de mon crane, qu'un corps constamment présent contre le mien de diverses manières, ce n'était qu'un regard qui perçait mon âme, qu'une voix, qu'un rire, qu'une personne capable d'harmoniser quoi que je sois en train de chantonner et pourtant c'était mon quotidien depuis que j'étais arrivée au Paradis, c'était tout pour moi. J'avais toujours ressenti quelque chose de fort pour lui, de l'adoration, de la loyauté et bien d'autres choses sur lesquels il n'était pas nécessaire de mettre des mots. Tout comme cette relation. Rien ne pouvait la définir, elle était là et c'était bien. Le Paradis avait été vide durant un an, j'avais éviter le plus possible les lieux où nous avions l'habitude d'aller, j'avais senti ma gorge se serré lorsque j'avais rassemblé ses affaire pour les embarquer chez moi, dans un cartons que je n'ouvrais que trop de fois. Tout comme lorsque j'avais été coiffée de son auréole. Je n'arrivais plus à me regarder dans le miroir au début, ne supportant pas mon regard doré.

Il avait pourtant fallut que je fasse avec et cette Extermination avait probablement été la meilleure de toute. C'était ce qu'il fallait que je fasse à présent, que je les massacre tous en sa mémoire. Il m'avait fallut du temps pour comprendre qui j'avais en face de moi et pourquoi je ne pouvais abattre mon épée. J'étais comme en dehors de mon corps, comme simple spectatrice sans émotion face à ce que j'étais en train de leur infliger. Il méritait, c'était tout ce qui comptait. Chaque mort, chaque agonie était un nouveau chiffre sur mon regard personnel, j'étais la mort vêtue de doré et de blanc. Son apparence était différente -bien plus hideuse- pourtant j'étais persuadée d'être face à Adam. J'avais -évidemment- vu juste puisqu'il m'appela par mon surnom un sourire enjôleur sur les lèvres. C'était totalement lui. Ma réaction fut étrange et assez incompréhensible même -surtout- pour moi. C'était comme si j'avais ris, un sourire aux lèvres tout en sentant des larmes chaudes couler abondement sur mes joues. J'étais à la fois rassurée, contente et déçue. Je n'aimais pas vraiment ce que je voyais -pas du tout même- mais Adam était vivant. Il était putain d'en vie et c'était tout ce qui comptait. J'avais l'impression de respirait à nouveau comme avant.

- C'est bien toi.

C'était plus une affirmation qu'une question tout comme c'était plus pour moi-même que pour lui. Mes cheveux tombaient tout autour de mon visage penché au dessus de lui. Ils avaient légèrement poussés en un an, je n'avais pas pris la peine de les refaire couper, je n'avais pas réellement pris le temps de le faire.  Lorsque, plein d'admiration il remarqua que j'étais la nouvelle cheffe des Exorcistes, j'avais acquiescé et je ne pus m'empêcher d'ouvrir mes ailes pour qu'il puisse les admirer dans toute leur envergure. Elles étaient si semblables à celles qu'ils avaient tout en étant plus petite. Parce que non, je n'avais pas grandit et notre écart de taille semblait toujours là. Pour être honnête, j'aimais bien, c'était bien pratique en plus de me procurer un confort que je n'aurais probablement pas pu avoir s'il n'avait pas été aussi grand. Je m'étais laissée distraire par mes pensées, mes souvenirs alors la gêne dans sa voix me ramena à la réalité. Il n'était plus qui il était, comme l'ombre de lui-même. Je regardais la griffe qui tapotait son torse... Il était comme eux, monstrueux. Je mis trop de temps à répondre et il en profita pour lancer une autre de ses répliques à la Adam. C'était comme s'il était toujours lui tout en étant un Sinner, l'un de ces monstres... J'aurais pu jouer de cette remarque, j'aurais pu avouer que oui, grande sadique que j'étais j'aimais entendre agoniser les Sinners, j'aimais vraiment quand il souffrait et que je rentrais de chaque Extermination trempée, mais ce n'était plus le même Adam, je n'avais réellement aucune raison de l'attiser avec de telles informations. Sans un mot, encore en pleine analyse de la situation, je me levais et lui tandis la main droite pour l'aider à se lever. Son apparence me mettant vraiment mal à l'aise, mais pas réellement pour les raisons évidentes. Comment se faisait-il qu'il soit dans une telle position, presque obligé de supplier pour vivre quand cette saloperie de rejeton de Lucifer elle était heureuse avec ses papillons et ses licornes imaginaires ? Pour elle avait le droit au bonheur et pas le putain de premier homme.  Il était tellement plus important qu'elle, sa vie valait tellement plus. Il était tombé bien bas et j'en avais l'estomac tout noué. Je n'avais pas pitié de lui, j'étais simplement en colère de voir que Dieu ne l'ait pas aidé plus tôt. Adam ne méritait pas ça. Si Dieu avait toujours été une figure importante dans ma vie, mon but et ma cause n'avait eu de sens que par le biais d'Adam. Voyant qu'il semblait presque hésiter à prendre ma main. S'il y a bien quelqu'un devant qui je peux avouer la moindre faiblesse, c'est bien Adam. Ca me coute de le dire, mais je finis par lui répondre

- Je ne vais pas te tuer, j'en suis incapable.