Please, can you just not... + Klaus

Please, can you just not...

Impatient, Five tapotait du bout des doigts sur la table du salon. L’adolescent fixait l’extérieur de la maison comme si la personne qu’il attendait aller surgir soudainement d’un bus et disparaître à tout jamais s’il ne la voyait pas pendant la demi seconde où elle apparaîtrait. Prenant une grande inspiration, il répéta dans sa tête le discours qu’il avait préparé à l’avance. Légèrement stressé d’accueillir chez lui l’un de ses anciens camarades du lycée, il avait peur que les choses ne se passent pas comme prévues, et que son ami n’ait plus jamais envie de le revoir. Il faut dire que s’ils n’étaient qu’amis, Five espérait qu’un jour le jeune Will Byers finirait par le voir autrement. Il aurait aimé pouvoir dire à voix haute ce qu’il ressentait mais le romantisme faisait partie des rares domaines dans lesquels Five n’avait que trop peu d’expérience. Il ne pouvait interagir avec un adolescent comme il interagissait avec un mannequin en plastique. Klaus ne lui répétait que trop souvent. Les êtres vivants et les mannequins n’ont rien en commun, si ce n’est l’air parfois stupide que le visage.

Un peu de bruit dans le fond de l’habitation attira l’attention du jeune homme.  Son grand frère, Klaus, remuait. Enfin, ce n’était pas vraiment son grand frère. En réalité, ils étaient nés tous les deux le même jour à la même heure. Ils faisaient partie des quarante-trois naissances inexpliquées qui avaient eu lieu en octobre milles neuf cent quatre-vingt neuf. Five se leva lentement, quittant avec beaucoup de regret la fenêtre qu’il regardait encore quelques secondes avant. Il se dirigea vers le fond de l’appartement, esquivant le dernier individu louche à qui Klaus a permis l’exil chez eux. Il faut dire que son frère aimait tenir son rôle de gourou de secte beaucoup plus qu’il ne le devrait. Râlant un peu au passage, Five se freya un chemin jusqu’à la chambre de son aîné et il y toqua doucement à la porte. À l’intérieur, il entendit la voix de Klaus lui dire d’ouvrir, ce qu’il rit aussitôt sans y réfléchir.

« Je peux te parler ? » Dit-il sur un ton déjà un peu trop agacé pour l’heure qu’il était.

Sans plus faire de cérémonie, Five entra dans la chambre de son grand frère et s’assit sur le lit. On ne peut pas vraiment dire que l’adolescent n’ait jamais été très doué avec tout ce qui concernait la famille. Il n’avait pas été élevé par un père qu’on pourrait qualifier d’aimant et il n’avait jamais véritablement réussi à nouer un lien fort et précieux avec ses frères et sa sœur avant de disparaître et réapparaître pendant l’apocalypse. Trop fière, trop sûr de lui, avec une trop grande tendance à l’insolence et à la provocation, Five ne pouvait réellement leur en vouloir de ne jamais avoir eu envie de se rapprocher de lui. Pourtant, depuis qu’il était à Nemaia, Five avait la sensation que Klaus essayait vraiment de créer une véritable relation fraternelle entre eux. Quelque chose de plus sincère et plus honnête que ce qu’ils avaient avant mais aussi quelque chose de plus doux, plus sain et plus durable. Pour une fois, les choses étaient presque facile.

« J’ai un ami qui vient aujourd’hui. On a des choses à faire ensemble. » Annonça-t-il sur un ton parfaitement neutre. « Tu vas être heureux, Will vient pour qu’on puisse travailler sur le programme de l’année prochaine ensemble. J’ai été accepté à l’université, au fait. »

Poussant légèrement son frère pour avoir plus de place sur le lit et le décourager de tenter une approche physique, Five prit une grande inspiration et reprit doucement.

« Il sera bientôt là, alors ça serait bien que tu fasses dégager ton invité et que tu n’appelles surtout pas ton pote camé. Merci. »