I just need a coffee and maybe a little help. + Vagatha

I just need a coffee and maybe a little help.

Angel ne devrait pas toucher à cette petite poudre blanche. Il le sait, il en a parfaitement conscience. S’il cède à la tentation, ça sera des mois d'abstinence de foutu en l’air pour une simple soirée de folie. Il ne pouvait pas se résoudre à ça. Pas maintenant que sa vie allait à peu près bien. Acteur dans une série avec un rôle récurrent mais aussi danseur dans une tournée qui allait bientôt avoir lieu, Angel ne pouvait pas tout foutre en l’air juste parce qu’il crevait d’envie de ressentir à nouveau cette sensation grisante que lui procurait cette petite poudre blanche. Non, tout ça, c’était vraiment une idée stupide, et il en avait conscience. Il ne pouvait pas. Ou peut-être juste un tout petit peu ? Il serait capable de garder le contrôle s’il n’en prenait qu’un tout petit peu, pas vrai ? Il pourrait juste s’amuser un peu, et puis jeter le reste plus tard et… Non, il divaguait complètement. Il n’aurait jamais dû accepter de prendre ce sachet. Les yeux fixés dessus, pourtant, il n’arrivait pas à se résoudre à le jeter. C’était plus fort que lui, il mourait d’envie d’en reprendre une dernière.

Une dernière dose, c’est exactement ce qu’il avait dit juste avant de faire son overdose et de finir en enfer. Peut-être était-ce le signe qu’il avait besoin d’aide à nouveau ? La sobriété, ce n’était pas facile et on ne peut pas vraiment dire qu’Angel avait totalement arrêté de boire, qui plus est. Bien au contraire, il finissait trop souvent totalement ivre dans les bras d’un bel inconnu de passage, s’offrant totalement à la luxure et à ses vieux démons. Ouais, le chemin vers la guérison étant encore long, et il n’y arriverait probablement pas comme ça, assis dans son canapé à fixer le petit sachet posé devant lui. Il fallait qu’il sorte d’ici, qu’il se vide la tête autrement, et qu’il se débarrasse de ça. Peut-être pas nécessairement dans cet ordre là. Attrapant son téléphone portable négligemment posé près de lui, il ouvrit sa messagerie instantanée pour taper un message sur son clavier. Une sorte de S.O.S. à la seule personne qui lui était venue en tête pour être secoué un peu et pour avoir une conversation qui l’aiderait peut-être à ne pas se jeter sur le petit sachet qui était maintenant dans sa poche. Ouais, il fallait vraiment qu’il sorte, et vite.

La chaleur des rayons de soleil frappa doucement le visage de l’acteur. Il n’était pas encore si tard que ça, le soleil brillait encore dans le ciel, et les nuages se faisaient rare. En somme, une belle journée d’été comme une autre. Si Angel ne passait pas son temps à lutter contre l’envie de faire demi-tour, s’enfermer chez lui et ingérer en une seule fois la totalité de sa petite poudre blanche, il aurait sans doute véritablement aimé cette journée. Des progrès, il en faisait vraiment beaucoup. Depuis qu’il était là, il n’avait presque plus touché à la drogue, même si l’alcool et le sexe avaient peut-être un peu empiré. Il voulait vraiment guérir, redevenir quelqu’un de sobre, et trouver quelque chose qui le fait encore plus vibrer dans la vie que de jouer le rôle d’Angel Dust, ce personnage qu’il s’est construit sur mesure pour justifier son comportement auto-destructeur.

Lentement, l’acteur poussa la porte du café où il avait donné rendez-vous à son amie. Le blond espérait sincèrement qu’elle ne serait pas occupée et qu’elle pourrait l’y rejoindre. Angel avait terriblement besoin d’entendre à quel point il était en train de merder et qu’il fallait qu’il se reprenne. Si ce n’était pas pour lui, au moins pour ses proches. Un petit rire échappa au jeune homme qui s’était installé à une table. Des proches pour qui se battre, c’est pas le genre de connerie que lui dirait Charlie ça ? Le pouvoir de l’amitié, et toutes ses conneries en lesquelles la princesse des enfers croit dur comme fer mais qui n’existent que dans son monde édulcoré. Lui, il n’en avait pas des proches qui tenaient assez sincèrement à lui pour l’encourager à rester sobre. Du moins, il s’en était persuadé. Il avait réussi à se convaincre que même Charlie lui tournerait le dos s’il décidait de replonger. C’était sans doute ridicule et seulement dans sa tête, mais Angel n’arrivait pas à se dire qu’il méritait, lui aussi, d’être aimé et qu’on l’aimait sincèrement lui aussi.

I just need a coffee and maybe a little help.

Le petit sachet de poudre dans sa poche, Angel fixait le gobelet rempli de café. Au fond de lui, il cherchait les mots qu’il pourrait prononcer quand son amie l’aurait rejoint. Comment pourrait-il la regarder dans les yeux et lui avouer qu’il était sur le point de replonger ? En même temps, s’il ne le faisait pas, il savait qu’il n’aurait jamais la force de se reprendre en main et de ne pas replonger. Si ça n’avait pas toujours été simple avec Vagatha, elle avait toujours été une amie précieuse sur qui l’acteur avait pu compter quand il avait besoin d’elle, et là maintenant, il avait peut-être bien plus besoin de ses conseils qu’il ne voulait bien l’admettre. Enfin, peut-être qu’en y pensant, il ne faisait que de prendre et ne donnait jamais assez à Vaggie. Il aurait aimé pouvoir dire qu’il savait tout ce qui n’allait pas pour elle, qu’il était une oreille attentive et rassurante, qu’il l’aidait au quotidien mais… Il n’en était pas vraiment certain de tout ça. Quel ami pathétique faisait-il ? Il n’était même pas capable de rendre ce qu’on lui donnait.

Peut-être qu’il ne méritait pas d’avoir des amis ? Après tout, il avait réussi à se rapprocher des gens à l’hôtel seulement parce qu’il était quelqu’un d’assez célèbre pour faire un énorme coût de publicité. Tristement, même pour ça, il a été incapable de faire quelque chose d’utile. S’il était bel et bien Angel Dust, plus grande des célébrités des Enfers, il n’était pas un argument suffisant pour faire venir d’autres clients et ne s’était pas appliqué à être un très bon client lui-même. Pathétique, à nouveau. Du moins, ce mot tournait en boucle dans l’esprit d’Angel. Un soupir lui échappa alors que le bruit de la porte se fit entendre. Son regard se leva doucement sur la nouvelle arrivée. Angel aurait pu reconnaître ses cheveux bruns entre miles. C’était son amie, Vagatha, qui encore une fois, avait répondu présente. Un sourire un peu coupable se posa sur ses lèvres alors qu’elle s’assit face à lui.

« Et bien… Je pense que tu n’auras pas besoin du coffre de ta voiture pour te débarrasser de ma dernière connerie. »

Lentement, il plongea la main dans sa poche et en sortit le petit sachet rempli de poudre d’ange. Son petit péché mignon favoris, si on pouvait appeler ça ainsi. L’air coupable sur le visage d’Angel était assez parleur pour la situation. Il déposa doucement le sachet sur la table et le repoussa vers Vagatha.

« Je n’aurais pas dû accepter ça. J’en ai conscience. » Commença-t-il doucement. « Mais hier soir, c’était de la folie. J’ai sans doute trop bu mais… J'avais quelque chose à fêter et dans l’euphorie du moment, j’sais pas, ça m’a tenté. »


Fixant le petit sachet, pendant une seconde ou peut-être même deux, Angel hésita à le reprendre et s’enfuir avec. Il n’était qu’un vulgaire addict, complètement accro à ce genre de choses, à quoi bon se battre ? De toute façon, il finirait par replonger parce qu’il était bien trop inconscient et irresponsable alors pourquoi ne pas le faire maintenant ? Une grimace se posa sur son visage.

« Je n’y ai pas encore touché. » Finit-il par dire.