Family matters ft. Alec & Izzy

Elle n'a pas le cœur à sourire, Isabelle. Elle est encore hantée par ce moment où on leur a appris la mort de Clary. Son coeur souffre comme si on lui avait pris une soeur, alors même qu'elle a parfaitement conscience qu'elle n'est pas celle qui souffre le plus. Elle essaie de rester digne, mais c'est dans des moments comme celui-ci qu'elle aimerait que la douleur s'évapore comme le Yin Fen savait si bien le faire. C'est insensé, surtout quand on sait à quel point ça a failli la tuer et combien de fois ça a presque réussi. La dépendance était quelque chose contre quoi elle savait ne pas avoir la force de combattre seule. Mais Isabelle ne pouvait pas ne pas penser à la flamboyante rousse à côté de qui elle avait appris à évoluer depuis leur rencontre. Elle ne pouvait pas se résoudre à cette triste réalité. Plus encore, elle n'en parlait simplement pas. Ni à son frère, ni à personne. Parce que ce n'était pas non plus comme si elles étaient parabataï non plus. Est-ce qu'Alec et Jace étaient en mesure de comprendre ce qu'elle ressentait sans avoir de rune pour tenter de l'achever d'avoir perdu un être trop proche d'elle ?

Cet endroit, c'était avec Alec qu'elle l'arpentait, à la recherche de réponses qu'elle n'était pas certaine de trouver. Mais au moins, elle avait son frère dans ce nouveau lieu qui posait plus de questions que ce qu'il ne semblait y avoir de réponse à son sujet. Isabelle marchait à la même vitesse qu'Alec, sauf qu'elle se faisait plus discrète, un peu moins pressée dans son allure que lui. Et il y avait de quoi. Magnus et lui, ce n'était pas ce qu'il vivait de plus simple. Et pour la première fois de sa vie, Isabelle était contente de ne pas avoir à parler des histoires de coeur de son frère et de ne pas avoir à parler, non plus, de ce qui pesait sur son coeur à elle. Elle ne voulait rien entendre de rationnel. Elle avait perdu Clary, sa soeur d'armes, et c'était ça de trop.

Les lieux ressemblait à l'Institut tel qu'ils le connaissaient. Peut-être pas exactement comme ils le connaissaient, mais l'ambiance qui y régnait donnait cette impression de familiarité à Isabelle qui s'en sentait presque soulagée. Les yeux vairons de Jace vinrent croiser les siens. Et il n'y avait plus rien d'autre en elle que cette envie, ce besoin, d'aller serrer son frère dans ses bras. Quelque soit la raison. Bien sûr, ce fut Alec qu'il prit dans ses bras en premier, et elle ne lutta pas. Leur lien était bien trop important, bien au-delà de sa compréhension, pour qu'elle ne dise quoi que ce soit à qui que ce soit. Lorsque les garçons se lâchèrent, elle prit son ticket dans la file d'attente pour à son tour enlacer le blond.

- Jace, souffla-t-elle, sans comprendre ce qu'il se jouait pour lui, juste heureuse de pouvoir le serrer dans ses bras alors que le vide qu'elle ressentait s'agrandissait à mesure que les secondes, les minutes et les heures s'écoulaient. Pour le reste, elle laissa Alec faire le travail de la discussion, persuadée qu'elle-même n'en était pas plus capable que cela, se demandant même si elle ne croiserait pas, par hasard, le chemin d'Aldertree quelque part - idée qu'elle chassa à grand peine..

Bon, ils ne sont pas plus avancés. En entendant Jace s’exprimer auprès d’eux, Isabelle comprend plutôt bien que, pour les réponses, ils devraient s’adresser à quelqu’un d’autre. Mais ce n’est pas la faute de Jace, c’était la faute à pas de chance, parce que rien ne les avait préparés à être en terrain inconnu à ce point. Enfin, rien sauf leur formation à Idris, bien entendu, mais ce n’est pas la même chose. L’endroit semble à l’écart de tout ce qu’ils ont connu jusqu’à présent et ne fonctionne visiblement pas seulement comme leur monde pouvait fonctionner mais comme d’autres mondes, mais aussi d’une manière qui échappe totalement à la jeune Lightwood.

Nemaia… Elle hoche la tête. Ça n’est pas pleinement déconnant comme information, même si aucun panneau ne semble avoir décidé d’informer de l’arriver imminente dans un endroit qui n’est pas le leur. Et Isabelle n’arrive pas à parler, son coeur est noué car chaque endroit à découvrir lui rappelle qu’elle ne peut pas les découvrir avec Clary. Mais cette réalité, elle préfère faire l’autruche, soulagée que le chemin d’Alec et le sien aient retrouvé celui de Jace. Il y a, pourtant, dans le regard de son frère, un quelque chose qu’elle n’arrive pas à élucider, quelque chose qui lui donne la sensation étrange qu’il ne souffre pas de la mort de Clary comme il aurait dû. Mais ce n’est peut-être rien d’autre qu’une impression.

Ses yeux se tournent vers Alec et elle sourit. Encouragée par la curiosité de son aîné, elle se tâte à lui poser, elle-même, enfin une question, alors que son cerveau les rejetait toutes jusqu’à présent.

- Tu es là… tout seul ? Comprenez-là que peut-être Max, Simon, ou peu importe qui qui rappellerait l’institut pourrait être présent avec lui. Quelqu’un qu’elle pourrait serrer dans ses bras et cacher sa peine par l’affection. Aussi saine soit cette méthode pour passer outre sa douleur. Autrement dit, pas du tout.