I can teach, I’m patient you know ft Sybille

Même si Sybille n’imaginait pas sa vie ainsi avant d’arriver dans ce monde, elle n’allait pas s’en plaindre. Loin de là, même, si on le lui demandait. Ses perspectives concernant son avenir étaient un peu parties en fumée, mais elle n’avait pas non plus tout perdu. Elle était toujours avec son fils, avait retrouvé Ash et Sky et la petite Sunny. Même si l’angoisse l’avait saisie les premiers jours, tout avait fini par s’arranger, au final. Elle envisageait même de reprendre son cursus à l’université d’Arileon, même si c’était encore un projet qui était en réflexion. La brune voulait d’abord s’assurer de bien s’installer, que son fils ne manque de rien avant de penser à retourner sur les bancs de l’école. Et vu qu’elle avait une amie géniale qui tenait un diner tout aussi génial, elle n’avait pas eu besoin de s’inquiéter bien longtemps pour se trouver un travail.

Voilà comment elle s’était retrouvée à s’occuper du service ce jour-là. Une journée de semaine plutôt calme qui ne la bousculait pas tellement pendant qu’Elias était à l’école. Elle était d’ailleurs la seule serveuse en salle actuellement, avec Ash pour lui tenir compagnie en cuisine. D’une certaine façon, ils formaient à nouveau le duo infernal, surtout sur des journées comme celle-ci. Le temps passait d’ailleurs beaucoup plus vite dans ces moments-là. Mais même s’il n’y avait pas beaucoup de monde, Sybille ne pouvait pas passer son temps à discuter avec lui à travers la petite ouverture de la cuisine. Un client venait d’ailleurs tout juste de s’installer au comptoir. Un beau brun plutôt mignon vers lequel Syb s’était dirigé pour prendre sa commande.

« Ash, un plat du jour s’il te plaît ! »

Elle savait que ça ferait plaisir à son meilleur ami qui, mine de rien, adorait se retrouver derrière les fourneaux. Et en particulier pour des commandes qui n’étaient pas uniquement constituées de burger et de frites. Le plat du jour, c’était le saint graal pour lui. Une chose à laquelle elle ne s’attendait pas, par contre, c’était que le client beau gosse lui fasse la conversation.

« Vous êtes sur la bonne heure, surtout. L'afflux arrive plus tard en semaine. »

Évidemment, le beau brun n’allait pas s’arrêter là. Et en vérité, Sybille n’était même pas étonnée de se faire draguer. Ça arrivait, régulièrement. Et elle pouvait presque entendre Ash pouffé dans sa cuisine, parce que ça le faisait toujours rire, ce genre de situations. D’ailleurs, habituellement, elle se serait contentée de gentiment envoyer balader le beau ténébreux comme elle le faisait la plupart du temps. Du moins, jusqu’à ce qu’il s’excuse et lui fasse comprendre qu’il n’était pas là depuis très longtemps. Et que, du coup, lui aussi avait sans doute changé de monde. Sybille lui lança alors un sourire compatissant.

« D’où est-ce que vous venez? »

Autant lui faire la conversation, et pourquoi pas l’aider si elle le pouvait. Même si la brune avait eu la chance de tomber sur ses amis quand elle était arrivée ici, elle avait cru comprendre que ce n’était pas le cas de tout le monde. Et les quelques jours qu’elle avait passés au refuge avec Elias… Et bien, même si ça n’avait pas été une catastrophe, elle n’en gardait pas le meilleur des souvenirs. Ce n’était pas l’accueil qui avait été une catastrophe, mais plus la situation dans laquelle elle s’était retrouvée.

Des clients charmants et parfois un peu étranges, Sybille y était habituée. C’était sans doute le lot de toutes les serveuses qui avaient le malheur d’être un minimum jolies. Elle aurait pu s’en inquiéter, mais la présence d’Ash dans les cuisines l’en empêchait. Si quelqu’un avait le malheur de tenter quelque chose de déplacé, il aurait sans aucun doute le plaisir de se retrouver la tête éclatée sur le sol, sans trop exagérer. Mais de toute manière, Sybille avait l’impression que ce jeune homme ne faisait pas partie de ces ordures-là. Il était loin de se fondre dans la masse, c’était un fait. Mais la jolie brune n’avait pas une mauvaise impression à son égard. Et c’était sans aucun doute pour cela qu’elle restait souriante et qu’elle n’était pas partie à l’autre bout du comptoir pour continuer à discuter avec lui.

« Profitez-en, tant que vous le pouvez. »

Après tout, elle n’était pas contre le fait de discuter avec un inconnu, ça faisait partie de son métier. C’était une façon de fidéliser la clientèle. Et puis, avec ce monde si particulier, c’était agréable de discuter avec des inconnus et d’en apprendre un peu plus sur eux. En une question, elle savait déjà que lui non plus ne venait pas de ce monde. Et visiblement pas du sien non plus, étant donné qu’elle ne connaissait pas la ville de Mystic Falls. Enfin, peut-être qu’il s’agissait d’un patelin paumé au milieu de nulle part dont elle n’avait tout simplement jamais entendu parlé, ce n’était pas impossible. Mais la manière qu’il avait de décrire cette ville semblait sous-entendre qu’elle était un minimum connue.

« Le nom aurait déjà dû vous mettre la puce à l’oreille. »

En même temps, Mystic Falls, ça sonnait très… Et bien, mystique, justement. Elle ne serait pas étonnée d’apprendre qu’il y avait des secrets cachés depuis des siècles ou même des maisons hantées. Mais là, c’était sans doute son côté imaginatif qui prenait un peu trop le dessus. Peut-être que cette ville était tout simplement un aimant à problèmes à cause de ses habitants qui avaient des mœurs un peu spéciales, ou qui avaient du mal à évoluer avec leur temps. Ce ne serait pas la seule ville à être dans ce cas, après tout. Sybille était bien placée pour savoir que certains se croyaient encore au siècle dernier avec les femmes à la cuisine et les gens de couleurs comme esclaves. Pas de chance pour elle, elle entrait dans les deux cases.

« Je viens de Bloomington. »

Ce qui n’était pas tout à fait exact, mais c’était l’un des derniers endroits où elle avait vécue avant d’arriver ici. Elle aurait pu parler de New York, bien évidemment, mais même si elle adorait cette ville, ça n’avait jamais vraiment été chez elle. Bloomington, au contraire, était une ville qui renfermait beaucoup de choses. Et du positif, dans sa globalité. New Albany était également dans ce cas, mais elle renfermait aussi le souvenir douloureux de la mort de Zach.