C’était la merde. Et c’était bien la première fois qu’ils se retrouvaient dans une situation de ce genre en trois ans qu’ils chassaient ensemble. Sans doute avaient-ils eu les yeux plus gros que le ventre, ou alors trop d’ego pour se rendre compte de l’instabilité de la situation avant de se retrouver réellement dedans. Il faut dire que ce n’était pas simple d’estimer à la perfection face à combien de monstres ils allaient se retrouver quand ils partaient en chasse. Mais c’était bien la première fois, en tout cas pour Mia, qu’il y en avait autant à un seul endroit. C’était aussi la première fois qu’elle se disait qu’ils feraient sans doute mieux de se replier pour éviter des dégâts plus importants. Pas qu’elle ne tenait plus debout. Avec son arc, la blonde avait réussi à les garder à bonne distance et n’avait pas pris tant de coups que ça, même si c’était loin d’être une partie de plaisir. Elle s’en sortirait seulement avec quelques égratignures et des bleus qui mettraient plusieurs semaines à s’estomper, mais elle avait clairement connu pire. Dean, par contre, c’était une autre histoire. Lui semblait beaucoup plus mal en point. Et elle aurait pu le voir prendre ce coup bien trop grave si l’un des monstres ne lui avait pas sauté dessus et entaillé le visage. Elle l’avait repoussée, prenant l’une de ses flèches en pleine main avant de la lui planter dans l’œil. Et de se tourner vers Dean, dont l’état la préoccupait grandement.

« T’es blessé ? »

Si c’était le cas, elle lui ferait faire demi-tour, même si elle devait le trainer par la peau des fesses pour ça. Mais il lui répondit qu’il allait bien, que le monstre ne l’avait pas touché. Et elle avait eu le malheur de le croire, parce qu’elle lui faisait confiance. Et il semblait déterminé à finir cette chasse coûte que coûte. Très bien. Elle était encore en état de se battre, et lui pensait l’être aussi alors… Ils allaient continués. Sauf que les monstres étaient en train de s’enfuir et qu’ils n’avaient pas d’autre solution que de les poursuivre en voiture. Mia était montée dans l’impala, ses yeux fixés sur la voiture en train de s’enfuir pour ne pas les perdre de vue. Mais son regard avait fini par dériver vers Dean et apercevoir sa blessure qu’il avait essayé de lui cacher. Et qui était nettement plus grave que ce qu’elle avait pu s’imaginer.

« Il a pas réussi à te toucher, hein ? Tu te fous de moi ! »

On pouvait entendre une pointe de colère dans sa voix, mais ce qui transparaissait, c’était surtout son inquiétude. Elle pouvait voir le sang de Dean couler sur le siège de l’impala avec beaucoup trop d’intensité pour que ce ne soit pas grave comme il était en train de le dire. Et son teint, qui était de plus en plus pâle, dénotait aussi le fait qu’il avait déjà perdu beaucoup trop de sang.

« Non on a pas plus urgent. Arrête la voiture, Dean ! »

Évidemment, il ne l’écoutait pas, ce qui ne l’empêchait pas de lui répéter d’arrêter cette bon dieu de voiture en lui criant à moitié dessus pour qu’il le fasse. Ça ne servait à rien de continuer de toute façon. Dean n’était pas en état de les combattre, et Mia, aussi douée pouvait-elle être, ne pourrait pas en arriver à bout toute seule et ils allaient juste tous les deux se faire tuer. Mais c’était oublié à quel point il pouvait être têtu. Sauf que le carrefour sur lequel ils étaient en train d’arriver n’en avait strictement rien à faire de leur prise de tête, et encore moins de l’état actuel de Dean. Mia n’avait même pas eu le temps de dire quoique ce soit avant que l’impact n’ait lieu.

Elle avait été sonnée pendant quelques secondes, projetée contre la portière passagère avec une telle violence qu’elle avait senti son épaule sortir de son articulation. Et bien heureusement, ce n’était que ça. Elle était toujours consciente malgré la douleur qui troublait légèrement son champ de vision de petits points noirs qui allaient bientôt lui donner envie de vomir. Mais c’était surtout Dean qui l’inquiétait. Elle s’était tournée vers lui, passant par-dessus sa souffrance pour essayer d’estimer les dégâts. Qui étaient clairement très mauvais.

« Dean… Dean, réveilles-toi. »

Elle avait posé l’une de ses mains sur sa blessure la plus importante pour essayer de contenir l’hémorragie, mais elle avait l’impression que ça ne servait à rien. Le sang coulait encore, accompagné bientôt de ses propres larmes et de ses cris, pour que quelqu’un appelle les secours.

« S’il te plait… Tu m’as promis que tu serais toujours là… »

Sa voix s’était brisée alors qu’elle entendait enfin les sirènes des secours qui arrivaient au loin. Ils avaient d’abord voulu la prendre en charge, mais elle avait insisté pour qu’ils s’occupent de Dean en priorité. Elle s’en sortirait, mais lui c’était moins sûr. Ils s’étaient rapidement retrouvés dans la même ambulance avant d’être séparés une fois arrivés à l’hôpital. Lui avait été envoyé au bloc pendant qu’on s’occupait de son épaule et diverses autres blessures qui étaient très clairement superficielles. Ce qui avait pris beaucoup moins de temps, aussi. Mia avait d’ailleurs refusée de rester allongée dans ce bon dieu de lit d’hôpital et avait préféré attendre de ses nouvelles dans le couloir. Elle ne savait pas combien de temps elle avait attendue là avant que quelqu’un ne vienne la voir. Plusieurs heures, sans aucun doute. Et le médecin n’était pas arrivé avec de bonnes nouvelles.

Si elle n’avait pas l’habitude de contenir ses émotions à ce point, elle se serait certainement effondrée au milieu de ce couloir. Son pronostic vital était engagé. Le pourcentage de chance de survie était tellement ridicule qu’elle ne l’avait même pas retenu. Et même si la blonde ne laissait pas transparaître grand-chose sur son visage, elle était totalement brisée à l’intérieur. Non, elle n’était pas prête à le laisser partir. Pas maintenant, encore moins de cette façon. On lui avait dit qu’elle pouvait aller le voir et rester avec lui si elle le voulait. Évidemment qu’elle l’avait fait. Sans même penser à joindre Astrid ou même Castiel pour les prévenir d’ailleurs. Elle était tellement bouleversée que ce détail lui était sorti de l’esprit.

Et c’était encore pire quand elle se retrouvait dans la chambre. Le voir allonger sur ce lit, littéralement entre la vie et la mort, l’aurait presque fait tomber au sol et véritablement s’effondrer cette fois. Elle ne savait d’ailleurs même pas où elle avait trouvé la force de franchir les quelques pas qui les séparaient pour venir s’asseoir au bord du lit et prendre sa main dans la sienne. Les larmes s’étaient remises à couler sur ses joues de plus belles. C’était bien la première fois qu’elle se sentait tellement impuissante face à une situation. Parce que le problème était bien là : elle ne pouvait rien faire pour le sauver.

« Je vais trouver quelque chose. Il doit bien avoir un sort ou quelque chose… Alors accroche-toi. »

Il fallait qu’elle essaye, en tout cas. Elle devait tout essayer pour le sauver, parce que si elle venait vraiment à le perdre… Elle était presque certaine qu’elle n’arriverait jamais à se relever.

Cette douleur… Il fallait un contrôle inconsidérable à Mia pour ne pas craquer, même si elle transparaissait dans son regard, fixé sur Dean, inanimé. Chaque respiration était une épreuve, chaque clignement d’œil lui fichait une trouille bleue, comme si elle n’allait plus jamais le revoir. C’était la première fois qu’elle souffrait autant. Même la mort de Zoé, pour laquelle sa culpabilité était toujours présente, n’avait pas été aussi difficile que ce qu’elle était en train de vivre à cet instant. C’était sans doute idiot, mais ces minutes étaient sans aucun doute celles où elle se rendait le plus compte à quel point elle pouvait l’aimer. Chaque cellule de son corps ressentait cet amour inconditionnel pour lui. Et chacune d’entre elles mourraient de peur à l’idée de le perdre pour de bon. Elle venait de lui dire pourtant qu’elle trouverait quelque chose, qu’il y avait forcément une solution pour arranger tout ça. Est-ce qu’elle y croyait vraiment ? C’était encore une autre histoire. L’espoir était peu à peu en train de la quitter, comme si chaque seconde où il était en train de s’éloigner d’elle, de la quitter, il emportait avec lui la moindre bribe de lumière qui pouvait encore briller en elle. Et on pouvait la voir perdre cette lumière. Plus le temps avançait, plus son regard devenait sombre, éteint, privé de la vie qu’on pouvait y voir, rien qu’au début de cette journée. Pourtant, les larmes continuaient à couler le long de ses joues. Elle n’arrivait pas à les arrêter, elle n’arrivait même presque plus à respirer, si ce n’était que par à-coups, par réflexe. Parce que son corps avait encore la volonté de vivre. Mais elle ne l’avait plus. Pas sans lui, en tout cas.

Elle n’avait même pas remarqué que quelqu’un était entré dans la pièce. Ce n’est que lorsque ce qui lui semblait être un médecin prit la parole qu’elle se tourna vers lui dans un sursaut. La blonde n’avait pas encore retrouvé la force de parler, alors elle avait simplement hoché la tête. Essuyant ses larmes, elle essayait de reprendre un peu contenance. Ce qui relevait pratiquement de l’impossible, en réalité. Son regard était toujours vide, en dehors de cette tristesse incommensurable qui ne la quittait pas. Mia trouva quand même la force de l’écouter. Et elle avait d’ailleurs froncer les sourcils à son nom. Crowley. C’est bizarre, ça lui disait quelque chose. Elle avait déjà entendu ce nom. Mais la jeune femme avait beau fouiller dans sa mémoire, elle n’arrivait pas à en trouver l’origine. Et ça n’avait pas vraiment d’importance au final. La suite de ses paroles l’était beaucoup plus. Et la douleur qui en découlait aussi. « Que quelques heures ». « Soulager ses souffrances ». Chaque mot raisonne comme un coup de poignard tout droit planté dans son cœur. Elle n’était pas en train de mourir, mais Mia avait l’impression que c’était tout comme. Une colère était aussi en train de monter en elle. Une colère contre elle-même, contre le fait qu’elle n’avait pas vu plus tôt à quel point il était blessé. Elle ne pouvait s’empêcher de se dire que tout cela était de sa faute. Jusqu’à ce que son interlocuteur lui dévoile qui il était réellement.

« Vous êtes un démon. »

Son corps tout entier s’était crispé, sa main s’était resserrée autour de celle de Dean. Elle savait ce que ces yeux rouges voulaient dire. Un démon des croisements. Les pactes. Mia savait bien qu’elle avait déjà entendu ce nom quelque part. Dean avait dû le lui dire. Donc ils se connaissaient, en plus de ça.

« Mademoiselle Smoak-Queen ? Je peux vous voir une minute ? »

C’était son propre médecin qui était venu les interrompre. Il avait une feuille en papier dans la main. Oui, forcément, les résultats de ses analyses. La blonde avait hésité pendant quelques secondes. Elle aurait bien fait un scandale pour qu’on fasse sortir cette enflure d’ici, mais ça n’aurait servi à rien. Personne ne pourrait réellement le neutraliser, pas même elle. Toutes les armes étaient restées dans la voiture. Hochant donc la tête, elle s’était levée, fixant d’abord Crowley.

« Vous, vous bougez pas de là. Et si vous touchez à un seul de ses cheveux, je vous jure que je vous tue. »

S’assurant qu’elle avait bien été comprise, Mia quitta ensuite la pièce pour rejoindre son médecin dans le couloir. Il lui paraissait… Un peu décontenancé. Hésitant, comme s’il avait une mauvaise nouvelle à lui annoncer. Alors que clairement, rien ne pouvait empirer ce qu’elle était en train de vivre actuellement. Du moins, c’était ce qu’elle pensait.

« Nous avons reçus les résultats de votre prise de sang. Elle a révélé que votre taux de HCG est particulièrement élevé. »

Face au visage plus qu’interrogatif de Mia, le médecin n’eut pas d’autre choix que d’être plus clair.

« Vous êtes enceinte, mademoiselle Smoak-Queen. »

Non. Encore un coup de poignard en plein dans son cœur alors qu’elle ne pensait pas que la situation pouvait empirer. En des circonstances différentes, elle aurait été plus qu’heureuse d’apprendre cette nouvelle. Même si elle aurait eu peur, qu’elle se serait retrouvée face au doute, elle n’aurait pas été seule. Mais là… C’était juste lui rappeler encore ce qu’elle était en train de perdre. Et lui faire dire qu’il n’y avait plus qu’une solution possible pour arranger tout ça. Et cette solution, elle la connaissait. Elle se trouvait dans la pièce à côté, dans cette foutue chambre d’hôpital.

« Merci… »

Laissant son médecin en plan dans le couloir, la blonde était à nouveau entrée dans la chambre. Il fallait qu’elle fasse vite avant qu’il ne soit trop tard pour faire quoique ce soit. Son regard s’était posé sur Dean. Il n’approuverait certainement pas ce qu’elle était sur le point de faire, mais elle n’avait pas le choix. Ce bébé ne pouvait pas grandir sans son père. Elle n’y arriverait pas toute seule, sans lui, elle le savait. Elle n’en aurait pas la force. Et même s’il allait sans doute la détester pour ça, au moins il serait en vie. Il serait là, avec eux. Et c’était tout ce qui importait au final.

« Je marche. Ramenez-le, laissez-moi dix ans, et on en parle plus. Mais magnez-vous le cul. »

Elle savait qu’elle venait presque littéralement de vendre son âme au diable, mais ça n’avait pas d’importance. Qu’elle finisse en enfer n’était pas important. Ce qui importait, c’était Dean, le bébé… Juste leur famille. Et puis dix ans c’était déjà ça de prit. Elle pourrait le voir grandir, même si elle n’arriverait pas au bout. Il était bien trop tard pour lui faire changer d’avis de toute manière.

Toute cette situation était invraisemblable. Si Mia n’avait pas eu face à elle la possibilité de ramener Dean, elle se serait certainement roulée en boule dans un coin en attendant que le temps passe. Encore plus avec la nouvelle qu’elle venait de se prendre en pleine tronche. Qu’elle n’arrivait toujours pas à estimer si elle était bonne ou mauvaise, d’ailleurs. C’était soudain, en tout cas. Ils n’avaient encore jamais discuté du fait de fonder une famille un jour, et voilà qu’elle apprenait qu’elle était enceinte, alors qu’il était littéralement en train de mourir sous ses yeux. Ce n’était pas ce qu’elle aurait pu imaginer comme circonstances optimales pour apprendre une grossesse, loin de là. Surtout qu’elle ne savait pas ce qu’ils allaient faire de ça, au final. Mais très clairement, Mia n’était pas prête à prendre ce genre de décision toute seule, ni à envisager le fait d’élever un enfant toute seule. Tout était flou dans son esprit. C’était comme si elle se retrouvait au milieu d’un cauchemar duquel elle était incapable de se réveiller. Coincée dans la matrice injuste de la vie qui tentait, une fois de plus, de lui retirer la personne qu’elle aimait le plus au monde.

Sa décision concernant le pacte était prise, c’était clair. Peu importait les conditions, ramener Dean était de loin sa priorité, peu importait ce qu’il avait à en dire. Parce qu’elle le savait, il ne serait certainement pas d’accord avec ce choix. Elle était même certaine qu’il lui en voudrait, mais ça n’avait pas d’importance. Au moins s’il lui en voulait, ça voudrait dire qu’il était en vie, et c’était tout ce qui lui importait dans la finalité. Qu’il vive. Parce qu’elle ne serait pas capable de se relever dans le cas contraire, et encore moins de s’occuper d’un bébé. Ce qui était totalement égoïste, elle l’admettait bien. Mais elle savait aussi qu’il n’aurait pas hésité une seconde à faire le même choix si les rôles avaient été inversés, peu importait ce qu’il pouvait en dire. Et puis, c’était à elle de décider ce qu’elle voulait faire de son âme. La vendre pour sauver la personne qu’elle aimait le plus au monde ne lui semblait pas si dingue que ça.

« Neuf mois, c’est le minimum que je vous demande. C’est ma seule condition. »

Le reste du contrat, en toute honnêteté, elle s’en fichait. Son père lui taperait sans doute sur les doigts pour ça s’il avait pu être là, mais ça n’était pas le cas. Elle était seule dans cette situation, et sa décision était déjà prise. Sans parler du fait qu’elle avait parfaitement conscience que chaque seconde passée à discuter rapprochait un peu plus Dean de sa mort. Autant dire que perdre du temps dans les négociations ne faisait pas du tout parti de ses objectifs. Elle voulait régler ça le plus vite possible, et elle verrait plus tard pour les conséquences.

« On est pas amis. »

Une petite remarque qu’elle n’avait pas pu s’empêcher de faire tellement cette optique lui donnait envie de vomir. Ce démon n’était pas son ami. Il était juste une béquille provisoire pour sauver la vie de Dean, rien de plus. Et elle espérait, qu’après ça, elle n’aurait plus jamais à le revoir. Enfin, du moins, pas avant de devoir payer sa part du contrat. Donc dans neuf mois minimum. Mais il y avait encore une chose à faire avant de le voir disparaitre. Une chose bien loin d’être plaisante pour Mia, bien au contraire. Son envie de vomir était d’ailleurs revenu, même si elle essayait de passer outre. Elle allait devoir se laver la bouche au karcher après ça.

« Je sais comment ça se passe. Dépêchez-vous, qu’on en finisse. »

Alors que sa nausée était à deux doigts de la faire tomber dans les pommes, les lèvres de Mia étaient venues se poser sur celles de Crowley afin de sceller le pacte. Un haut le cœur plus tard, elle se retrouvait à nouveau seule dans cette chambre sans savoir si ça avait marché. Mais elle eut rapidement sa réponse. Outre le changement de rythme des bips de cette machine que la blonde avait envie d’exploser, les yeux de Dean avaient finis par s’ouvrir. Et elle n’avait pas attendue plus longtemps pour le rejoindre.

« Dean ? »

Elle avait pris sa main dans la sienne et les larmes s’étaient remises à couler sur ses joues alors qu’il était en train de reprendre conscience. Il revenait, le pacte avait fonctionné. Mia ne s’était jamais sentie autant soulagée de toute sa vie.

« Je suis là, tout va bien. »

Pour l’instant, en tout cas, et c’était tout ce qui lui importait. Même si elle savait très bien que la suite de cette conversation allait être compliquée. Parce que non, elle ne comptait pas lui cacher ce qu’elle avait fait. Ni ne rien lui dire pour le bébé, d’ailleurs. Même si elle n’avait aucune idée de la façon dont il allait réagir. Bon, pour le pacte c’était assez évident, mais pour sa grossesse… Elle avait peur de la tournure que cette discussion pourrait prendre.

Le voir dans cet état la faisait souffrir. Même si le fait qu’il soit réveillé était tout de même mieux que de le savoir aux portes de la mort, le voir souffrir ainsi n’en était pas moins douloureux. Ses premiers mots avaient d’ailleurs eu pour but de le rassurer, même si Mia était sans doute loin d’être convaincante. Entre la fatigue, l’annonce de sa grossesse et sa propre douleur physique, maintenir un masque devant Dean lui était tout simplement impossible. Alors quand il lui dit que non, ça n’allait pas, elle ne se donna pas la peine de le contredire. A quoi bon, de toute manière? Toute cette situation était une catastrophe cosmique à l’échelle de leur vie. Et pourtant, elle savait qu’elle avait fait le bon choix. Elle sentait, au fond d’elle, que ce pacte avait été la bonne et unique solution pour le garder à ses côtés.

Bien évidemment, Dean était loin d’être du même avis. Le contraire l’aurait étonné, en réalité. Et Mia redoutait justement cette conversation, parce qu’elle savait qu’elle allait être douloureuse. Difficile, même. Disons qu’ils étaient tous les deux campés sur leurs positions, et qu’elle craignait légèrement que la conversation dégénère. Et clairement, aux vues des circonstances, elle n’en avait pas envie. Elle n’avait surtout pas la force de se disputer avec lui.

« J’ai fais ce que j’avais à faire, Dean. Il le fallait. Et ne viens pas me dire que tu n’aurais pas fais la même chose à ma place. »

Oui, elle avait joué cette carte, et sans aucun remords. Parce qu’elle savait parfaitement qu’il aurait agi de la même manière si leurs rôles avaient été inversés. Bon, les circonstances auraient sans doute été différentes. Déjà, leur conversation n’aurait sans doute pas dérivé sur la nouvelle qu’elle venait d’apprendre. Sur ce bébé qui était là, en train de grandir dans le ventre de Mia, même si ça lui paraissait encore irréel. Pourtant elle avait bien réalisé ce que tout cela allait engendrer. Et même si elle avait quelques craintes à ce sujet, elle ne prenait pas ça comme une mauvaise nouvelle.

« Oui. Je suis enceinte. »

Un léger sourire était venu se peindre sur son visage. Elle n’avait aucune idée de comment Dean prenait la nouvelle de son côté. Est-ce qu’il était heureux ou est-ce qu’il n’en voulait pas de cet enfant? Ils n’avaient jamais eu l’occasion d’en discuter. Ou plutôt, ils n’avaient jamais pensé à entamer le sujet parce qu’aucun d’entre eux ne l’avait réellement envisagé. Avant d’apprendre la nouvelle, Mia ne savait même pas si elle voudrait ou non avoir des enfants un jour. Mais quand elle l'a su, quand elle a su que cette vie était en train de grandir en elle… Et bien, le sentiment qui l’avait traversé était sans doute indescriptible. C’était juste devenu comme une évidence, comme si elle l’avait toujours su. Elle voulait cet enfant de tout son cœur.

« Non. Avant tout, il faut que tu te rétablisses. »

Son ton était ferme, et son regard en disait long. Si elle devait le clouer elle-même dans ce lit pour l’empêcher d’aller où que ce soit, elle le ferait. Et Dean savait parfaitement qu’elle en était capable, même avec un bras en moins. Après tout, elle n’avait pas fait tout ça pour qu’il court se faire tuer dans la seconde, certainement pas.