De l'autre côté

De l'autre côté

Peter vivait avec un quotidien bien rempli, déjà dans son monde il y avait de quoi faire, et ce rien qu’avec son père. Il avait changé d’univers, puis encore, puis encore, puis disparu pour enfin re changer d’univers. Bientôt ça allait devenir aussi banal qu’une virée en voiture. Au moins il n’avait pas été comme les trois quart des personnes qui se trouvaient à Nemaïa sans savoir comment ni pourquoi, lui savait comment ça pouvait être possible par contre il ignorait le pourquoi. Ce qu’il savait aussi c’était que pour le moment il n’avait aucun moyen pour revenir chez lui, cette idée le travaillait toujours surtout depuis qu’Olivia avait disparue, son Olivia pas l’autre, en fait les deux Olivia s’étaient évaporées dans la nature, Henry aussi d’ailleurs. Il ne lui restait plus qu’Henrietta, cette enfant déjà adulte qui avait déjà vécu beaucoup trop d'épreuves pour le père qu’il se découvrait être. Bref, il s’occupait comme il le pouvait, et la meilleure façon pour lui était de faire le même travail que dans son monde consultant, même les affaires criminelles étranges avaient lieu ici et ses connaissances pouvaient être d’une grande aide. Il est vrai qu’ici l’étrange n’avait pas la même définition et qu’il n’avait pas eu de cas de grossesse accéléré, de personnes coincées dans de l’ambre ou de personnes qui changeaient de visage, quoi que cette dernière n’était pas sûre.

Il était en train de vivre une journée normale dans son nouveau quotidien bien rempli lorsque ce son fort résonna, c’était un son puissant qui ne semblait venir de nulle part et de partout à la fois. Peter avait été étonné de ça, surtout que ça ressemblait à un cri. S’il voulait de l’étrange il allait être servi. Alors qu’ils étaient en train de chercher scientifiquement parlant l’origine de ce cri, le bureau dans lequel il se trouvait devenait étonnamment silencieux. En regardant autour de lui, il pouvait assister, stupéfait, au spectacle qui avait lieu. Des personnes étaient en train de disparaître, s'évaporant dans un fin nuage de cendre et de poussière. Il n’avait jamais vu ça auparavant, et ne savait pas comment le stopper. Puis il se mis à ressentir une sensation étrange, comme si quelque chose n’allait pas. Une personne présente dans le bureau l’appela et le regardait avec le même regard d’inquiétude et  d’impuissance  qu’elle avait lancé aux personnes qui venaient de disparaître.  En regardant ses mains, il pouvait s’apercevoir que lui aussi partait en poussière. Le processus était trop rapide pour que quelqu’un puisse faire quelque chose mais en même temps ça semblait durer une éternité pour lui. Le dernier mot qu’il eut le temps de prononcer avant de totalement disparaître à son tour fut “Henrietta..”

Il fut presque étonné de se réveiller. Il s’était imaginé qu’après une sortie aussi théâtrale il n’y aurait plus rien, juste le néant, mais apparemment non. L’endroit était glauque et trop désert par rapport aux nombre de personnes qu’il avait vu disparaître. On se serait cru dans un film d’horreur et pour parler avec franchise Peter ne se sentait pas très serein dans ce décors de lieu abandonné, on aurait dit un film dystopique. Il regardait autour de lui sans rien pouvoir reconnaître, mais où avait-il encore atterri ? Il avait l’impression d’être irrémédiablement seul. Du coin de l'œil il cru apercevoir quelqu’un, il tenta de l’interpeller mais ne vit personne et personne ne lui répondit. Il se mit à suivre ce qu’il voyait, ou ce qu’il croyait voir, il n’était pas réellement certain à vrai dire, comme une ombre, une silhouette que l’on aperçoit du coin de l'œil. Tout ce cheminement pour arriver à ce phare, il n’avait rien de plus rassurant que le reste qu’il avait visité jusque-là cependant il y avait quelque chose. Il observait la bâtisse lorsqu’il vit, et cette fois il était sûr de lui, une silhouette. Il y avait quelqu’un dans ce phare. Nouvel arrivant dans ce monde neuf d’Aiamen il ignorait qu’il n’était pas viable de croire que les silhouettes que l’on apercevait dans ce phare n’étaient pas viables et étaient plus probablement des fantômes que des personnes vivantes. Il avait finit par entrer dans ce phare et s’était mis à chercher. “Hey oh ! Il y a quelqu’un ?”

Peter & Henrietta

Henrietta pensait que le pire était derrière elle, sincèrement. Elle pensait que, depuis qu’elle était arrivée dans ce monde mystérieux, sa vie se ferait beaucoup plus tranquille, qu’elle n’allait plus avoir à affronter des épreuves pratiquement insurmontables. Et c’était le cas. Du moins, avant ce jour, ça l’était. Même si les retrouvailles avec son père avaient été compliquées, que sa mère avait disparue, qu’elle avait dû se faire à ce nouvel environnement, les choses ne tournaient pas très mal pour autant. Même sa rencontre avec Thomas était à ranger dans une case positive de sa vie dernièrement. Mais tout cela était sans doute trop beau pour durer. C’est d’ailleurs en voulant passer au bar de ce cher monsieur Shelby que ce cri retentit. Enfin… Ça ressemblait à un cri, en tout cas. En bien plus strident, bien plus intense, au point où elle s’en était même recouvert ses oreilles qui n’étaient pas habituées à entendre ce genre de choses. Il ne s’était pas passé une seconde de plus avant que son téléphone ne sonne. Le SHIELD, évidemment.

« C’était quoi, ce bruit ? »

Son interlocuteur, à l’autre bout du fil, n’en avait aucune idée. Et c’était bien pour cela d’ailleurs qu’il lui demandait de venir tout de suite au SHIELD. Tous les agents étaient réquisitionnés. Et la blonde était déjà en train de se mettre en chemin avant de se stopper net, en regardant autour d’elle.

« On a un sérieux problème. Les gens partent en poussière. »

Elle regardait, effarée et impuissante ce qu’il se passait autour d’elle. Certaines personnes étaient vraiment en train de s’évaporer en un nuage de poussière, sous ses yeux, sans qu’elle ne puisse rien y faire. Elle s’apprêtait à courir pour rejoindre le SHIELD le plus vite possible. Et elle l’aurait sans doute fait, si elle n’avait pas entendu une voix l’appeler non loin d’elle. Tournant la tête, elle vit alors l’homme qu’elle était à la base venue voir quand elle était entrée dans cette rue. Et qui, bien heureusement, n’était pas en train de partir en fumé sans qu’aucun feu ne soit dans le coin.

« Thomas… »

Elle s’apprêtait à aller vers lui quand elle ressentie une sensation étrange dans tout son corps. Elle ne saurait pas vraiment l’expliquer. Ce n’était pas douloureux, mais elle sentait que quelque chose était en train de se passer. Et quand elle baissa les yeux, elle se rendit compte qu’elle était en train de partir en poussière, elle aussi. Henrietta releva son regard, croisant celui de Thomas une dernière fois avant que tout ne devienne noir. Elle ne savait pas combien de temps s’était écoulé avant que ses yeux ne puissent voir à nouveau quelque chose. Ce qui était sûr, en tout cas, c’était qu’elle ne connaissait pas cet endroit. Elle se trouvait à l’intérieur d’un bâtiment, rond, à une certaine hauteur. Et complètement seule. Du moins, elle le pensait au début.

Il lui fallut quelques secondes encore avant de se relever et de se pencher légèrement au-dessus de ce qui semblait être une balustrade. Des escaliers qui semblaient s’étendre à l’infini. En tout cas elle n’en voyait pas le bout. C’est en levant les yeux qu’elle comprit où elle se trouvait. Un phare. Et c’est aussi là qu’elle aperçue la première forme étrange vadrouiller autour d’elle. Puis une deuxième, et une troisième. Des formes floues, des voix aussi qui semblaient vouloir lui dire quelque chose, mais elle n’en comprenait rien. Jusqu’à ce qu’une voix se distingue du brouhaha qui l’entourait. Une voix qu’elle connaissait bien.

« PAPA ! »

Elle avait hurlée de toutes ses forces. Elle ne le voyait pas, mais sa voix provenait d’en bas. Et elle s’était mise à dévaler les escaliers à toute vitesse pour le retrouver.

De l'autre côté

Entrer dans ce phare avait été une expérience bien plus troublante qu’il ne l’aurait cru. La première fois qu’il avait demandé, personne ne lui avait répondu, et pourtant il était sûr qu’il y avait quelqu’un dans ce phare. Il se mit à voir des choses étranges, il suivit une ombre, puis une silhouette aperçue du coin de l'œil. Il avait l’impression de tourner en rond comme un hamster dans une roue, sauf que la roue du Hamster ne cachait pas la destination, lui ne savait ni où il allait ni ce qu’il poursuivait. Ce qui était sûr c’était qu’il regnait une atmosphère particulière ici, il avait l’impression d’entendre des chuchotements un peu partout et pourtant il n’avait réussi à rattraper personne jusque là. Était-il en train de devenir fou ? Avait-il imaginé la situation ? Ce lieu était la réalité ou son délire ? Il n’eut aucune réponse. Au bout d’un moment à poursuivre des ombres et autres fantômes il atteignit le grand escalier. Il était dans un phare, c’était sûr qu’il y aurait un haut escalier pour parvenir jusqu’à la lanterne. “Il y a quelqu’un ?” Il répéta la première phrase qu’il avait prononcé en entrant dans ce fichu phare qui ressemblait plus à un labyrinthe pour lui qu’autre chose à présent. Après quelques secondes il entendit une voix qui se détachait des murmures et autres sons étranges. “Henrietta ?..” Se demanda-t-il d’une voix faible, une question rhétorique visant à déterminer s’il devenait vraiment fou ou si cela pouvait être vrai. Puis il donna plus de puissance à sa voix. “Henrietta c’est bien toi ?”

Cette voix après la cavale derrière..derrière quoi au juste ? Bref, après cette course à poursuivre il ne sait qui ou quoi, après s’être vu partir en poussière c’était un espoir qui apparaissait tel la lumière du phare représente l’espoir pour les marins de retourner sur la terre ferme. Un espoir ? Il s’était vu partir en poussière, en général lorsque ce genre de chose nous arrive c’est que l’on est mort, et si lui était mort et que Henrietta était là aussi, cela voudrait dire qu’elle était morte aussi. Tiraillé entre la soudaine envie qu’il ait rêvé tout ceci il montait les escaliers aussi vite qu’il le pouvait, non certain de s’il devait espérer la voir ou espérer avoir rêvé. Il finit néanmoins par la croiser dans cet escalier qui paraissait interminable. Il eut un moment d’arrêt en la voyant, il n’avait pas l’impression de délirer. Même s’il avait très peur que sa présence ici pourrait signifier qu’elle était morte, il ne pouvait pas s’empêcher d’être heureux de la voir. D'ailleurs il ne savait plus trop qui avait fait le premier pas l’un vers l’autre, mais vu qu’il avait manqué de peu de tomber à la renverse dans les escaliers qu’il avait eu tant de peine à monter jusque là, il semblerait que ça soit elle qui ait fait le pas en avant. Il la serra dans ses bras vraiment heureux de la revoir.  “Je suis content de te voir.. Mais attends. Le phénomène, je.. Tu .. Est-ce que tu es partie en poussière ?” Il espérait de tout son être que ça serait un non, mais son esprit rationnel lui intimait que la réponse serait tout autre.

Peter & Henrietta

Entendre cette voix était un véritable soulagement malgré les circonstances qui n’avaient rien de rassurant du tout. Henrietta espérait qu’elle n’avait pas hallucinée, qu’elle n’était pas en train de dévaler ces escaliers pour rien, pour au final se retrouver face au vide qui semblait emplir cet endroit. Enfin… D’une certaine façon, tout du moins. Ce phare n’était pas vide, elle y avait vu et entendue des choses mais… Il était vide de toute vie, en tout cas. Quand elle entendit à nouveau la voix de son père lui répondre, l’appeler à son tour par son prénom, elle s’était mise à descendre encore plus vite ces bons dieux d’escaliers. Son cœur battait la chamade, et quand elle fini par le croiser à mi-chemin, elle se stoppa pendant quelques secondes, comme pour s’assurer que c’était bien lui, qu’elle ne rêvait pas. Puis elle se jeta dans ses bras, soulagée de sa présence qui était bien réelle. Disons que ça rendait la situation un peu moins angoissante.

« Oui… J’ai entendu ce cri et les gens ont commencés à disparaitre. »

Ce qui voulait dire qu’ils n’étaient certainement pas les seuls à se trouver ici. Et Henrietta n’avait plus son téléphone pour tenter de contacter qui que ce soit. Il avait dû tomber, quand elle était partie en fumée. Bon, ça leur ferait une béquille pour comprendre ce qui avait bien pu arriver, mais ça ne rendait pas les choses impossibles non plus. Et puis, si eux s’étaient retrouvés, ils pourraient sans aucun doute retrouver les autres disparus également. Et aussi, elle l’espérait, trouver un moyen de revenir à Nemaia le plus vite possible. Parce qu’il était clair que ce phare n’était pas à Nemaia. Henrietta avait étudiée les plans qu’ils avaient à disposition au SHIELD, et aucun phare ressemblant à celui-là n’y était consigné.

« Peut-être qu’on devrait monter, ça nous donnerait une idée de l’endroit où on se trouve. »

Parce que oui, la blonde n’avait pas tellement pris le temps de regarder quand elle s’était retrouvée là-haut. Entre les formes fantomatiques, les voix, et finalement celle de son père qu’elle avait entendue, elle n’avait pas vraiment pris le temps d’observer les lieux. Et s’ils voulaient trouver une solution à tout ça, il fallait bien commencer quelque part.

De l'autre côté

Il fallait bien que ce genre de choses leur arrive à eux. Changer d’univers, puis revenir, puis recommencer et rebelote. Cette fois il avait presque cru qu’il était mort, mais ça aurait voulu dire qu'énormément de gens seraient morts eux aussi et il ne voulait pas que cela soit vrai. Il ne voulait pas qu’autant de monde périsse de la sorte sans avoir pu faire quoi que ce soit pour l’empêcher, et aussi parce que sinon ça voudrait dire qu’Henrietta aussi. Cependant elle semblait bien vivante et lui aussi se sentait bien vivant, il n’y connaissait rien à ce qu’on ressentait ou non pendant la mort et d’un point de vue scientifique il aurait dit que l’on ne ressent plus rien car il n’y a plus rien. Mais elle était bien là et semblait aller bien, enfin autant que les circonstances le permettaient. “Ouais on a remarqué ça et on essayé en urgence de trouver l’origine mais j’ai fini par disparaître à mon tour. Je suis apparu pas loin de ce phare je me suis dis que j’aurais peut-être plus de réponse dans le phare.” Même si pour le moment le phare ne lui avait pas donné de réponses sur le pourquoi du comment de ce phénomène il savait où était son enfant et comment elle allait, c’était déjà ça de pris, sans quoi il aurait passé son temps à s’inquiéter pour la seule famille qui lui restait.

Lorsqu’elle lui suggéra de monter pour voir où ils étaient, il eut ce réflexe bête mais naturel de regarder en haut. Pour le moment ils n’avaient pas tellement d’options qui s’offraient à eux alors avoir une idée plus globale de où ils se trouvaient réellement serait un bon point de départ. “Tu as raison c’est une très bonne idée. On pourra aviser pour la suite après. Et qui sait peut-être même que de là-haut on pourra voir d’autres personnes qui sont bloqué ici comme nous.” Ils n’avaient pas attendu bien longtemps pour commencer à monter les marches, d’ailleurs Peter commençait à peine à se rendre compte du nombre de marches qu’ils devaient gravir. Il n’avait pas vraiment souffert des marches qu’il avait déjà grimper car il avait plus urgent et important à penser, là l’adrénaline été redescendue et on peut dire qu’une fois qu’ils seraient arrivés en haut son cardio l’en remercierai. Une fois enfin arrivé au sommet il observa autour d’eux, il n’avait pas l’impression qu’il y avait beaucoup de réponses dans le peu de papier qui traînaient sur la console. La lanterne semblait fonctionner parfaitement, à présent il fallait voir si ça les avancerait à grand chose.

Peter & Henrietta

Ce monde qui était déjà rempli d’un certain mystère pour eux n’en était visiblement qu’au début des surprises qu’il pouvait bien leur présenter. Henrietta se sentait complètement démunie face à tout ce nouveau mystère, et le plus compliqué était bien qu’elle n’arrivait plus à entrer en contact avec le SHIELD. Si seulement ils avaient encore ce contact, les choses seraient sans aucun doute beaucoup plus simple pour retourner de là où ils venaient. Mais visiblement, ils se trouvaient à présent bien loin du dernier monde qu’ils avaient eu l’occasion de visiter. Du moins, c’était l’impression qu’elle avait, et sans doute l’explication la plus logique concernant son téléphone qui ne fonctionnait plus Mais au moins, elle n’était pas seule au milieu de tout ce bazar, ce qui était déjà une bonne chose. Une très bonne chose, même.

« Il est à l’abandon, je ne sais pas si on va y trouver grand chose. »

Et d’ailleurs, elle ne se souvenait pas de l’existence d’un phare à Nemaia, ce qui était étrange. En vérité, elle ne reconnaissait rien pour l’instant, et c’était sans aucun doute ce qui l’avait poussé à se dire qu’ils avaient une nouvelle fois changé de monde. En tout cas, beaucoup de choses allaient dans ce sens-là pour l’instant, et ça ne la rassurait pas tellement. Ça l’inquiétait même grandement de savoir qu’ils pouvaient aussi facilement changer de monde pour en explorer d’autres qu’ils ne connaissaient pas encore. Si eux pouvaient le faire, même si c’était contre leur volonté, qu’en était-il des personnes malintentionnées? C’était une possibilité que personne ne pouvait vraiment négliger, quand on regardait bien.

« Oui. On est sans doute pas les seuls à avoir été envoyés ici. »

Sauf qu’une fois arrivés en haut… Et bien, Henrietta avait un peu l’impression d’être de retour au point de départ. Elle regardait autour du phare, mais ne voyait rien. Un brouillard épais les empêchait de voir à plus de quelques mètres, et encore. Le temps n’était clairement pas de leur côté, ce qui allait sans aucun doute leur compliquer les choses.

« Il doit y avoir une radio quelque part, non? »

Elle n’avait aucune connaissance en phare, ou même quoique ce soit qui soit en lien avec la navigation nautique. Ou plus largement l’océan, d’ailleurs. Mais elle se disait qu’ils avaient sans doute autre chose pour communiquer qu’une simple lumière, surtout en cas de problème. Du moins, elle l’espérait. Et avec un peu de chance, ce moyen de communication avait été abandonné ici.

De l'autre côté

Disparaître une énième fois pour apparaître une énième fois on ne sait où. Ce n'était pas le but de sa vie contrairement à ce qu’on pourrait croire. Bientôt il pourrait recevoir un oscar de celui qui a le plus bouger d’univers si ça continuait. En tout cas si au début il était dans l’adrénaline du moment, se retrouver seul d’un seul coup avait eu un effet aussi terrifiant que déprimant. Cependant à présent qu’il n’était plus seul, et à plus forte raison qu’il était avec Henrietta et qu’il était sûr qu’elle allait bien il n’avait plus le même état d’esprit. Henrietta partait plus défaitiste que lui, mais s’il se laissait aller à cette humeur il savait qu’ils n’iraient pas très loin et alors la mauvaise humeur serait leur pire ennemi. “J’ai cru voir quelque chose pourtant.. Peut-être que ce n’était qu’une illusion mais on ne pourra en être sûr qu’en allant vérifier.” Avait-il rêvé ? Était-ce des mirages ou y avait-il quelqu’un d’autre dans ce phare ? Encore une fois il n’y avait pas mille et une façons d’en avoir le cœur net. “Et puis abandonné ne veut pas forcément dire vide, on peut toujours trouver des indices même là où on aurait cru qu’il n’y avait rien.” S’il y a une chose que son père avait pu lui prouver plus d’une fois, c’était bien ça. Qui aurait pu trouver des réponses à un balcons qui disparaît et réapparaît, ou encore à des gens qui se retrouvent bloqués dans de l’ambre sans aucune explication apparente.

Ils étaient montés tout en haut, mais là encore personne. L’endroit était désert, il y avait des papiers éparpillés ici et là, quelques notes, la console semblait éteinte depuis des années et pourtant la lumière fonctionnait toujours, guidant on se sait qui vers cet endroit vide de toute vie. “Il y a forcément un moyen de communiquer, tu as raison.” Il se mit à chercher n’importe quel moyen de communication. Le  seul téléphone qu’il trouva n’avait plus aucune tonalité. Il fouilla dans le carnet du gardien qui était posé sur la console. “J’ai l’impression que plus personnes ne garde réellement ce phare depuis plusieurs décennies.. Je crois aussi ne pas être le seul à avoir vu des choses ici regarde ça.” Lui dit-il en lui montrant le carnet. “Si jamais on avait encore des doutes je pense qu’à présent on est fixé, on n’est plus à Nemaïa.” Il y avait très peu de chance qu’ils y soient toujours, il ne se leurrait pas sur le sujet. “Par contre je n’ai rien lu sur le conflit de Nemaïa dans le carnet, soit le phare est trop éloigné de ce genre de choses soit cet autre monde, ou quoi que ce soit d’autre, ne connaît pas les mêmes problèmes.” Lorsqu’on regardait la crise à laquelle ils faisaient face, ce n'était clairement pas le moment de disparaître.

Peter & Henrietta

Entendre son père dire que lui aussi avait cru voir quelque chose la rassurait. Quand Henrietta s’était retrouvée seule là-haut et qu’elle avait entendu… Et bien elle-même ne saurait dire ce qu’elle avait réellement entendu, en réalité, ça lui avait donné l’impression d’être en train de devenir folle. Sa mère lui aurait sans doute dit que les fous ne se rendaient pas compte de leur folie et que c’était une preuve qu’on était sain d’esprit mais il y avait quand même toujours une part de doute, dans le fond. Surtout que du côté d’Henrietta, on pouvait dire qu’il y avait certains antécédents quand même. Enfin, elle adorait son grand-père, la question n’était pas là. Et il est vrai que sa “folie” avait souvent été d’une grande aide. Mais elle lui avait aussi fait faire des choses qui avaient causé plusieurs catastrophes. Tout ce qu’elle voulait, c’était de ne jamais avoir à en arriver là.

« J’ai aussi entendu quelque chose mais je sais pas si… Enfin, le mieux est sans doute d’aller vérifier et de chercher des indices. »

C’était ce qu’ils étaient partis faire. La montée avait été plus longue que la descente pour Henrietta et, malgré tout, elle était bien contente d’être arrivée en haut. Surtout qu’aucune voix ne se faisait entendre pour l’instant, contrairement à quand elle s’y était trouvée seule. Peut-être que son cerveau avait simplement paniqué quand elle s’était retrouvée toute seule ici. Enfin, ce n’était pas l’explication qu’ils étaient venus chercher. Un moyen de communication serait sans doute ce qui pourrait leur être le plus utile. Les Bishop s’étaient donc mis à fouiller, sans savoir ce qu’ils cherchaient vraiment. En ouvrant quelques tiroirs, la blonde avait fini par tomber sur une carte. Donc quelque chose qui pourrait sans doute leur être utile.

Elle prit donc la carte, et rejoignit son père pour regarder ce que lui avait trouvé de son côté. La confirmation qu’ils n’étaient plus à Nemaia ne la rassurait pas vraiment. Et pourtant, les faits étaient là. Rien ne correspondait sur ce carnet de bord, et si Henrietta dépliait la carte, elle était presque certaine d’avoir la même confirmation.

« Alors ça veut dire qu’on a été transporté à nouveau? Mais pourquoi? Ça n’a pas de sens. »

Enfin, en partant du principe qu’il y avait un sens à tout ça, bien sûr. Mais il y en avait forcément un. S’il y avait bien une chose que son grand-père lui avait appris, c’était que rien n’était dû au hasard. Il y avait toujours une explication quelque part, le tout était de savoir où la chercher. Henrietta déplia alors la carte pour qu’ils puissent la regarder. Comme elle le craignait, elle ne représentait pas Nemaïa. Un seul coup d'œil lui avait suffit pour le confirmer, avec toutes les cartes qu’elle avait déjà pu regarder. Mais un détail attira son attention.

« Regarde là. Aïamen. On dirait que c’est le nom du continent. »

Et ça lui était étrangement familier, sauf qu’elle ignorait totalement pourquoi. Elle ne se souvenait pas avoir lu ce nom quelque part. Dans aucun des rapports, sur aucune carte qu’elle avait déjà pu consulter. Pourtant, elle avait l’intuition que c’était un indice. Un indice plus qu’important même.

De l'autre côté

Il y avait  mille et un mystère dans l’univers, et une vie ne suffirait probablement pas à tous les résoudre si tant est qu’il est possible de tous les résoudre. Ce monde était un mystère de plus et Peter n’avait aucune idée de comment résoudre cette équation et ce même avec ses capacités intellectuelles. Sa vie semblait être une succession de mystères, d’enquêtes et d’équations à résoudre avec pour ambiance de travail les divagations de son père et les bruits de fonds de sa vache de compagnie. Et voilà que passer d’un univers à l’autre et ensuite d’un monde à l’autre ne suffisait apparemment pas, il fallait qu’il soit envoyé dans autre monde encore, et cette fois avec sa fille et sans doute des centaines voir plus d’autres personnes. Changer de monde et d’univers il pourrait s’y faire, d’une certaine manière mais ça n’était pas le genre de chose qu’il voulait pour sa fille. Il savait  qu’elle avait déjà vécu des moments difficiles bien qu’il soit persuadé qu’elle ne lui ait pas tout confié encore. Ce qui était certain c’était que Peter était prêt à tout pour lui éviter de nouvelles épreuves, il voulait être capable de faire ce que n’importe quel père ferait pour son enfant, la protéger et ce peu importe ce qu’il devrait faire pour y parvenir. Il l’avait peut-être connu qu’une fois adulte mais ça ne changeait rien à ses yeux. Il n’avait rien pu faire pour retrouver son père lorsqu’il avait atterri à Nemaïa, il n’avait rien pu faire pour garder Olivia et Henry près de lui, cette fois ça serait différent, il ne pouvait pas se résoudre à perdre tous les membres de sa famille.

Fouiller l’endroit était sans doute la meilleure chose à faire à l’instant T, au moins en peu de temps ils avaient pu trouvé un joli panel d’informations non négligeable. “Malheureusement je n’en ai aucune idée.” Il n’avait aucune réponse à ses questions, et pourtant il rêvait de les avoir, et il rêvait que ces réponses soient suffisantes pour les ramener et la rassurer. Il s’était mis à réfléchir sur tout ça alors que Henrietta fouillait un peu plus son histoire de carte. “Aiamen tu dis ?” Il y avait certaines choses qui lui paraissaient presque limpides et d’autres qui semblaient ne faire que s’épaissir le mystère. “C’est un anagramme, ou du moins c’est Nemaïa  mais mit à l’envers, c’est étrange.” Qui irait créer un monde pour le nommer ainsi, surtout si ce n’était pas fait exprès. C’était beaucoup trop gros pour n’être qu’une coïncidence. “Peut-être que retourner à Nemaïa sera moins dur que de retourner dans notre monde. Si Nemaïa et Aïamen sont liés, ce qui semble être une hypothèse non négligeable au vu de la proximité des noms. Est-ce que tu te souviens les événements avant d’être envoyé ici ? Ca n’était pas comme lorsqu’on a été envoyé sur Nemaïa si je ne m’abuse.”