I'll be there for you + ft. Peter Bishop

Peter & Henrietta

Quelque chose n’allait pas, c’était clair. Henrietta avait un souvenir très net de ses derniers moments vécus et… Oui, elle devrait être morte. Elle pouvait même presque encore sentir la douleur de l’impact, l'explosion, tout. Sauf qu’elle n’en avait plus aucune trace. Évidemment qu’elle avait vérifié, ça avait été son premier réflexe, de soulever son pull quand elle avait repris connaissance. Mais rien, pas une trace. Alors que pourtant son propre sang séché tâchait encore le tissu de son pull, et également de son pantalon. Il n’y avait donc qu’une seule réponse possible à tout cela: elle était vraiment morte, et elle se trouvait dans un autre monde qui devait s’assimiler au paradis ou aux enfers. Ça ne faisait que quelques minutes qu’elle se trouvait ici, après tout, elle ne pouvait pas vraiment juger de la chose. Et elle ne savait pas quoi faire. Pour la première fois de sa vie -ou de sa non-vie, bref- Etta n’avait pas de but fixé et ne savait pas dans quelle direction se diriger.

Elle avait donc suivi le mouvement de la foule, marchant à travers les rues bondées de cette ville sans vraiment savoir où elle allait. Mais visiblement quelqu’un ou quelque chose le savait pour elle. C’était la seule explication qu’elle pouvait donner à ce qui se trouvait devant ses yeux, et cela même si elle s’en retrouvait à avoir le cœur serré. C’était son père qu’elle avait fini par croiser. Son père qui semblait aller bien, mais si ses suppositions étaient justes… Peut-être que lui aussi était mort et qu’il s’était retrouvé au même endroit qu’elle. Ce qui n’avait pas vraiment de sens, si on lui demandait son avis. La dernière fois qu’elle l’avait vu -c’est à dire à peine quelques minutes en arrière- il allait bien. Elle n’y comprenait pas grand chose, mais il est vrai que dans tous les cas, elle était contente de le voir. Elle était rassurée surtout de ne pas se retrouver totalement seule ici, peu importait ce que ici voulait dire.

“Papa ! Mais qu’est-ce que tu fais ici?”

Oui, une partie de son cerveau avait besoin de comprendre, c’était plus fort qu’elle. Il faut dire qu’elle tenait énormément de sa mère à ce niveau là. En plus du reste bien entendu. Les cheveux blonds, les yeux bleus, le tempérament. Et l’intelligence de son père qui n’était jamais très loin. Elle ne pouvait pas les renier, aucun des deux. Et elle n’en avait aucune envie non plus, c’était certain. Vu le temps qu’elle avait passée à essayer de les retrouver, il était clair qu’elle ne voulait plus jamais perdre une seule minute avec eux. Même si pour le coup elle pensait avoir toute l’éternité pour pouvoir en profiter, vu qu’elle se croyait morte.

I'll be there for you

Un monde à un autre, les mêmes personnes mais plus des alter ego que la personne que vous avez toujours connu, deux univers qui vont se détruire l’un l’autre pour être sur que son camp subsiste. Vouloir sauver tout le monde en choisissant un compromis plutôt qu’un univers au détriment de l’autre. Voir la vie de Peter résumé de la sorte on pourrait croire que c’est simple, mais c’est parce que vous avez eu la version raccourcie et simplifiée. Pour lui qui le vivait ça n’avait rien d’évident. Surtout quand tout décide de se compliquer davantage. Atterrir ici avait été l’une des expériences les plus inattendues et étranges de sa vie. Encore un univers, encore un nouveau monde, encore des choses qui n'existaient pas dans son monde mais qui paraissaient totalement normales pour les indigènes. Il s’était senti tellement perdu dans un premier temps qu’il avait même perdu patience avec l’agent d’accueil dans le poste de police. S’il n’y était pas allé, s’il ne s’était pas énervé sur cet agent, il n’aurait probablement pas fait cette découverte. En réalité il est plus que probable qu’il aurait finit par l’apprendre tôt ou tard, même si lui aurait aimé le savoir plus tôt, bien plus tôt même.Il y avait peu de chance que le savoir avant eusse changé énormément de chose dans le déroulement des événements mais ça aurait été déjà ça de prit.

On apprend pas tous les jours que l’on est père d’un jeune homme. Et pour le moment il était encore plus ou moins en état de choc quant au sujet d’Henry. Dans des circonstances différentes, il aurait sans doute été comme tout père, heureux et fière. Mais lui tombait des nues. La vie, les univers, les observateurs, allez savoir qui précisément lui avait ôté la liberté d’avoir le temps de réagir normalement à cette nouvelle. Le pauvre Henry n’y était pour rien dans cette affaire et s’était sans aucun doute imaginé la rencontre avec son paternel de façon totalement différente. Il était dans un moment où il acceptait à peine la dure réalité qui s’imposait à lui. Il allait lui falloir du temps pour démêler la situation qui était chaotique. Depuis son arrivée il avait rencontré son fils, retrouvé la mère d’Henry et retrouver son Olivia, celle qu’il aimait. Et non seulement la question du mouvement dans l’espace d’un univers à l’autre se posait, ou alors il ne s’agissait que d’une anomalie dû au fait que les deux univers étaient en train de périr. Mais il y avait aussi la question de la temporalité qui venait rajouter son grain de sel. Pendant qu’il pensait à tout ça en marchant, se disant que Walter aurait sans doute déjà trouvé un début de réponse à tout cela, un autre événement perturbateur fit son entrée dans sa vie. “I’m sorry but how did you call me ?”

Non ce n’était pas possible. Ça n'allait quand même pas recommencer. Cette jeune femme devait se tromper, il n’y avait pas d’autre explication. “You must confuse me with someone else.” Pour Henry il y avait une explication logique. Alt Olivia ayant pris la place de celle qu’il avait toujours connue. Ils avaient entamé une relation, lui heureux comme jamais car il pensait que c’était elle, jusqu’à ce coup de fil en pleine nuit. L’existence même d’Henry avait été physiquement possible. Mais là, pour une femme de son âge il n’y avait plus rien de cohérent. Il est vrai qu’il était un peu perdu car elle ressemblait beaucoup à Olivia, mais pour lui c’était impossible comme situation, surtout une deuxième fois.

Peter & Henrietta

Henrietta aurait pu s’attendre à tout. Elle aurait dû s’attendre à tout. Mais celle-là, on pouvait dire qu’elle ne l’avait pas vu venir. Elle était tellement heureuse de retrouver son père, de pouvoir lui dire qu’elle allait bien, qu’elle était en vie, qu’elle ne s’était pas dit une seule seconde qu’il ne pourrait pas la reconnaitre. Et pourtant, ça avait été le cas. La douleur qu’elle avait ressentie à ce moment-là était pratiquement indescriptible. C’était comme si on lui avait planté un poignard dans le cœur et qu’on lui en avait arraché des petits bouts en même temps. Lentement, douloureusement, à lui couper le souffle. La blonde était d’ailleurs restée quelques secondes sans savoir quoi répondre. Le choc devait sans doute se lire sur son visage, tout comme elle pouvait lire l’incompréhension sur le visage de son père. Et elle avait comme une impression qu’il n’était pas près de la croire. C’était ça le plus dur, au final. Son père l’avait devant les yeux, il pouvait la voir, même la toucher s’il tendait le bras, mais il pensait être face à une totale inconnue.

« Papa… C’est moi, Henrietta. »

Autant tenter le tout pour le tout, non ? Après tout ce que leur famille avait traversé ces derniers temps, il n’était pas question pour la jeune femme d’abandonner aussi facilement. Elle avait donné sa vie pour tout remettre en ordre, mais visiblement, ça n’avait pas servi à grand-chose. Elle se demandait même si son acte n’avait pas justement empiré les choses, vu ce qu’il était en train de se passer. Si son grand-père avait été là, il aurait sans doute eu des réponses à lui donner. Mais il n’y avait visiblement aucun signe de Walter Bishop dans le coin, malheureusement.

« Tu es Peter Bishop, ton père s’appelle Walter. Et ma mère s’appelle Olivia. »

Henrietta ne savait pas si elle en avait dit assez pour qu’il la croit, ou même qu’il reste pour continuer cette conversation. Dans tous les cas ça allait être difficile. Sans doute l’un des pires instants de sa vie, et pourtant, elle s’était déjà pris une balle dans le ventre. Mais ce n’était clairement rien à côté de ça. La balle l’avait vite tué alors que là, cette douleur, elle allait devoir se la trimballer pendant un certain temps.

I'll be there for you

Il avait l’impression qu’on lui assénait un violent coup à la tête. Ca faisait beaucoup de nouvelles, de choses qu’il ne comprenait pas encore et beaucoup d’émotions que sa vue venait à brouiller par moment. Si cela continuait il pourrait tourner de l'œil. Le pire était qu’il ne remettait pas en cause ce qu’elle lui disait, il était prêt à la croire aussi étrange que cela puisse paraître, mais en même temps sa vie n’était-elle pas étrange depuis qu’Olivia était venue le chercher pour solliciter l’aide de Walter. C’est peut-être même dans ces cas-là que son père lui manquait le plus, parce qu’aussi timbré et savant fou qu'il pouvait être il aurait trouvé le moyen de le rassurer, même si ça avait été en lui exposant une théorie totalement loufoque mais fondée. Walter était étrange c’était indéniable, parfois même il semblait incohérent et pourtant c’était cet esprit loufoque et incohérent pour le commun des mortels qui avait le don de soit le rendre fou soit le rassurer. Ce Walter était tellement une meilleure figure paternelle que celui qui était censé être son vrai père, le Walter de l’autre univers. Oui c’était assez surprenant venant de Peter de penser que Walter, le sien, pouvait être malgré tout une bonne figure paternelle après tout ce qu’il avait eu à lui reproché. Aujourd’hui il en savait plus, il comprenait plus et bien que la vérité fut dure à accepter il avait fini par le faire, lui pardonner. Là Walter lui manquait beaucoup, peut-être aurait-il trouvé une anecdote scientifique abracadabrante pour détendre l’atmosphère, lui n’avait pas cette capacité.

“Henrietta..Henry..Henrietta.” Il répondait plus pour tout remettre en ordre dans sa tête, plus que pour répondre à la jeune blonde qui devait certainement vivre le pire moment de toute sa vie. Cela faisait sens, il trouvait ces prénoms cohérent et logique connaissant Olivia, se connaissant, bien sûr que ça aurait été le nom choisi. “I’m truly sorry.. I..” Un soupir lui échappa. “I’ve got no excuses, I probably hurt you but I barely understand what’s going on right now.” Qu’est ce qui était le plus compliqué entre les univers parallèles et ce monde, cet univers bien précis. Pour Peter la réponse était toute trouvée c’était Nemaïa le monde le plus incompréhensible, et c’était certainement dû au fait qu’ici il n’y avait pas forcément de réponse scientifique, de preuve pour répondre à toutes les interrogation d’une vie. “I’m confused and I just learn about Henry so it is even more disturbing.. Again I’m sorry you should not being expecting this kind of answer from me..” Il était sincère, il lui fallait juste un peu de temps, et aussi allaient-ils devoir avoir de longues discussions tous les deux pour que tout soit plus claire dans son esprit. Il la regardait et savait au fond de lui qu’il n’avait pas à chercher plus de preuve de ce qu’elle avançait. Il était perdu dans ses réflexions et sa contemplation qu’il s’était à peine entendu prononcé sa prochaine phrase. “You look so much like your mother.” Il n’y avait aucun doute, elle était son portrait avec quelques petites variations, mais très légère. C’est peut-être ça qui avait fini par calmer la panique qui l’avait menacé peu de temps avant.

Peter & Henrietta

Henrietta avait retenu son souffle sans même s’en rendre compte. Jamais encore elle n’avait eu à traverser ce genre d’instant, même dans son monde. Et pourtant, elle aurait pu s’y attendre. Mais dans son monde, les choses s’étaient déroulées beaucoup plus simplement que maintenant. Enfin simplement… Pour eux, en tout cas. Quand on se retrouvait face à l’impensable, les tracas de la vie quotidienne qui pouvaient paraitre dingues ne l’étaient pas tellement que ça, au final. Et ils ne faisaient sans doute pas aussi mal, aussi. Même si son père ne l’avait pas rejeté en bloc en lui disant qu’elle était complètement folle, le fait qu’il ne se souvenait pas d’elle la faisait tout autant souffrir. Voire même plus, en réalité. S’il l’avait rejeté, ça aurait peut-être été plus simple, mais là… Il semblait être perdu entre l’incompréhension et la culpabilité de la mettre dans une telle situation. Ce qui était bien plus compliqué à voir qu’un simple rejet de sa part.

« Henry ? »

Elle ne connaissait pas ce prénom, et ça l’avait troublé au point de la sortir un peu de cette torpeur dans laquelle elle se trouvait. Peut-être était-ce un ami à lui, ou alors un membre de leur famille qu’elle ne connaissait pas, Henrietta ne saurait dire. En tout cas, elle était certaine d’une chose : il n’avait pas à s’excuser d’être totalement perdu au milieu de cette situation. Elle aussi l’était, et la blonde ne savait très bien qu’aucun d’eux n’y était pour quelque chose. L’univers jouait avec eux, d’une certaine manière. Pourquoi ? Elle n’en savait rien. Et peut-être que cette fois-ci il n’y avait pas de réponse à donner. Sans doute se trouvaient-ils face à un ennemi bien plus puissant que tous les Observateurs réunis. Et son grand-père n’était pas présent pour les aider à y voir plus clair. Il aurait sans doute eu sa petite idée sur la situation, peut-être même aurait-il trouvé une solution à leur problème. Mais il n’était pas là, et ils n’avaient pas d’autre choix que de faire avec.

« Ne t’excuses pas… C’est pas ta faute si on se retrouve dans cette situation. Je peux l’encaisser. »

Elle essayait, en tout cas, de montrer qu’elle en était capable, même si à l’intérieur, c’était l’anarchie. Entre son envie de pleurer, de s’enfuir et celle de juste se réfugier dans ses bras, c’était sacrément le bordel. Mais elle restait immobile. Elle gardait le contrôle de l’extérieur, elle refoulait autant qu’elle le pouvait la vague d’émotions qui l’assaillaient. La tristesse, la peur, le soulagement. Tout ça se mélangeait en une boule qui restait coincée au fond de sa gorge. Du moins jusqu’à ce qu’il lui dise cette phrase. Là, elle n’avait pas pu retenir cette larme qui coulait le long de sa joue, ni ce petit sourire à l’évocation de sa mère. Surtout que c’était une phrase qu’il lui avait déjà dit, mais elle avait encore plus de sens à cet instant.

« Elle me manque… »

Ça avait toujours été le cas. A partir du moment où elle avait été arrachée à ses parents alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, tous les deux lui avaient manqués terriblement, à chaque seconde. Encore plus quand elle avait fini par oublier les traits de leurs visages, parce qu’elle était trop jeune pour s’en souvenir. Parce qu’on lui avait interdit de garder ne serait-ce qu’une photo d’eux. Mais ils avaient toujours été là, quelque part. Jamais elle n’avait pu se résoudre à faire comme s’ils n’avaient jamais existés.

I'll be there for you

Parfois Peter espérait passer ne serait-ce qu’une journée, une seule journée où tout serait simple et facile. Ses derniers souvenirs d’un moment comme celui-ci il devait être petit garçon et encore, même lorsqu’il était petit les choses étaient déjà extrêmement compliquées, le visage de sa mère mi heureuse, mi triste, toutes ces choses qu’on ne lui disait pas. Aujourd’hui il comprenait mieux et il avait passé le stade où il était amère d’avoir découvert la vérité tant d’années après. Si la vérité peut faire un choc, celle-ci bousculait encore un brin le semblant d’équilibre qu’il avait trouvé dans le bazar innommable de Nemaia. Il avait parlé à voix haute faisant la corrélation entre Henry et Henrietta. Des noms tellement similaires, il n’avait aucun doute que ça aurait été celui qu’ils auraient choisit. “You don’t..oh my gad you don’t know him.” Si au début sa phrase avait pris le ton d’une question il avait vite tourné à l’affirmation lorsqu’il avait trouvé par lui-même la réponse. Mais alors si elle ne le connaissait pas, qu'est ce que cela voulait bien dire ? Qu’il était mort ? Qu’il était retourné dans son univers ? ou peut-être l’avait-on effacé comme lui avait été effacé, enfin comme il aurait dû l’être au lieu d’arriver à Nemaïa. A présent comment devait-on dire à sa fille que l’on ne connaissait pas qu’elle avait un frère, ou un demi-frère, la définition ne précise pas quel terme employé lorsqu’il y a un univers de différence. “I met him here, in Nemaia. He appeared to be my son.. Hmm, it’s a long story.. It looks like everything is a long story in this world.”

Elle aussi devait en avoir de longues histoires dans sa manche, il n’en doutait pas une seule seconde. Ils allaient devoir rattraper le temps d’une vie l’un avec l’autre, lui allait devoir apprendre à connaître cette jeune femme qui était la chair de sa chair, sang de son sang. Il ne savait pas trop si c’était une si bonne chose que ça, rien qu’à voir le marasme que représentait sa famille ou tout simplement son existence même la pauvre enfant avait dû en baver. Elle pouvait peut-être l’encaisser, probablement d’ailleurs si elle avait la même force que sa mère, mais Peter ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle n’aurait jamais dû porter ce fardeau. Il voyait bien que ça n’était pas aussi simple que ça, toujours plus facile à dire qu’à faire, mais il avait choisi de ne pas renchérir sur le sujet, ça n’aurait probablement fait que remuer le couteau dans la plaie et ça il ne le voulait pas.

Il avait fini par juste l’observer, et avait fini par parler sans réfléchir. Il avait dit la première chose qui lui était venue à l’esprit, ça n’était pas une si mauvaise chose, et puis ça n’était pas comme s’il avait pu dire quelque chose d’affreux, selon lui c’était tout le contraire au vu de combien il aimait Olivia. C’est alors qu’il vit l’expression qu’elle arborait, et ce mélange entre tristesse et mélancolie. Il eut envie de faire un geste vers elle mais il avait un peu peur que ça paraisse trop étrange. “I miss her too..” Il l’avait retrouvé pour la perdre de nouveau et ça faisait un mal de chien. Elle lui manquait chaque seconde qu’il passait loin d’elle, sans aucun moyen de la retrouver. “May I ?” Dit-il d’une voix discrète. En réalité, il espérait qu’elle lui réponde que oui, et pour son plus grand bonheur c’est ce qu’elle fit. Il la prit dans ses bras, même si ça n’effaçait pas la larme qui avait perlé sur sa joue ça, ça ne ferait pas plus de mal.

Peter & Henrietta

L’expression d’Henrietta avait sans doute dû lui donner la réponse à sa question. Non, elle ne connaissait aucun Henry, si ça avait été le cas, elle s’en serait souvenue. Disons qu’elle avait tendance à très bien retenir les prénoms et les visages des personnes qu’elle rencontrait. Elle se le devait d’ailleurs, d’une certaine manière. Elle qui avait grandi loin de ses parents, qui avait fini par oublier les traits de leur visage, avait toujours donnée un effort considérable pour se souvenir de toutes les personnes qu’elle avait pu rencontrer à partir d’un certain âge. Vu qu’il n’y avait plus de photo à son époque, plus aucun support pour se souvenir des gens, elle n'avait pas vraiment eu le choix. Et oui, clairement, elle se serait souvenue d’avoir un frère dans tous les cas. Sauf que si elle ne s’en souvenait pas… Enfin, elle savait que l’époque de ses parents avait été compliquée même si elle n’en connaissait pas tous les tenants et aboutissants. Mais au point que son frère disparaisse ? Ça lui paraissait énorme.

« Attends… T’es en train de me dire que j’ai un frère ? »

C’était une information qu’elle ne s’attendait pas à digérer, et elle doit bien avouer qu’elle avait un peu de mal à le faire. Elle savait que sa famille était compliquée, qu’il y avait des choses qu’elle ignorait encore. Mais Henrietta pensait au moins avoir connaissance de tous les membres de sa famille. Sauf que ça n’était pas le cas. Elle avait toujours pensée être fille unique, sans aucun frère ni aucune sœur. Mais les choses semblaient être bien plus compliquées que ça. Enfin, plus compliquées qu’elles ne l’étaient déjà, on va dire.

Parler de sa mère avait transporté son esprit vers quelque chose de moins compliqué. Même si c’était douloureux, même si elle lui manquait terriblement, Henrietta ne rechignerait jamais à parler de la femme qui l’avait mise au monde, bien au contraire d’ailleurs. Elle n’avait pas pu retenir cette larme en disant qu’elle lui manquait, mais elle était sûr que c’était un sentiment que son père partageait. Ils l’aimaient tous les deux, après tout. L’un comme un mari, l’autre comme une enfant. Les liens les plus puissants qui pouvaient unir deux personnes. Autant dire qu’elle ne refusa pas cette étreinte, bien au contraire. Elle avait simplement acquiescé en silence, et s’était rapidement retrouvée dans les bras rassurant de son père. Ça lui faisait un bien fou. Ce genre d’étreinte lui avait manqué terriblement depuis qu’elle était arrivée dans ce monde.

« Toi aussi tu m’as manqué, tu sais… J’ai beau avoir grandie, je crois que j’aurais toujours besoin de mon papa. »

Elle en était même certaine, en réalité. Encore plus s’il ne restait plus qu’eux deux. Elle s’était battue pour réunir sa famille, elle avait même donnée sa vie pour ça. Alors elle continuerait à se battre pour la garder unie, peu importait le prix.

I'll be there for you

Il pouvait totalement comprendre la confusion qui devait faire rage dans l’esprit d’Henrietta, lui même n’était pas spécialement le plus serein, après avoir retrouvé Olivia, revu la alt Olivia et rencontré Henry et aujourd’hui sa rencontre avec elle. Lorsqu’il avait su de quelle version d’Olivia Henry était le fils, le tout était devenu beaucoup plus compliqué, il n’avait jamais été au courant pour Henry. Il avait appris son existence qu’une fois sur Nemaia, et même s’il pouvait en vouloir à Alt Olivia il ne pouvait pas en vouloir à Henry, lui n’y pouvait rien dans toute cette histoire. Et aujourd’hui Henry, sa mère et Olivia ont disparu et il s’était retrouvé complètement seul, dans cet autre monde, cet autre univers et il pensait que ça serait le cas. Il se trompait, il n’était pas aussi seul qu’il pouvait le croire, elle en était la preuve vivante. Aujourd’hui les choses n’étaient plus vraiment les mêmes et s’il avait dû accepter le fait qu’il avait des enfants il allait devoir apprendre à être un père. Cependant il n’avait encore aucune idée de comment il fallait faire, mais il se disait que ça viendrait avec le temps. De ce qu’il avait pu comprendre ils allaient devoir tous les deux apprendre à se connaître, elle n’avait pas dû grandir avec son père de ce qu’il avait pu comprendre. “Yes, you have. Well it’s a complicated story..” En disant cela, il se senti soudain assez bête. Rien que le fait qu’elle soit devant lui, adulte était la preuve que son histoire devait être tout aussi compliquée. “He is probably your half-brother..I think, I don’t really know if it’s really accurate between universe… And I don’t know if you wanted to know this if you didn’t know about this story.” Ils allaient décidément avoir énormément de choses à se raconter, mais s’il ne voulait pas avoir de secret ni pour Olivia ni pour elle, ça ne faisait pas qu’il était spécialement fier de ce qu’il s’était passé.

Malgré les circonstances il avait été plus que très heureux qu’elle accepte son étreinte. En jetant un regard en arrière il pouvait voir combien sa relation avec son propre père avait pu être compliquée, alors il ne pouvait s’empêcher à ce qu’avait pu être sa relation avec elle. Aujourd’hui il comprenait certainement beaucoup mieux pourquoi Walter avait pu agir comme il lui arrivait d’agir. Sans doute Peter aurait-il été moins loufoque que Walter dans le rôle de père, tous les Bishop n’adoptent pas une vache de compagnie qu’ils ont avec eux dans leur labo. Pendant quelques secondes il avait eu la sensation de s’être arrêté de respirer, il venait peut-être bien de découvrir, ou re découvrir, qu’il était père il ne s’était pas attendu à entendre cela. Un léger pincement au cœur le saisissait tout de même à la pensé qu’il aurait aimé pouvoir redire ce genre de chose au sien. Elle l’avait laissé sans voix, et profondément touché au final c’était à se demander qui faisait un câlin à l’autre pour le réconforter. “I may be a father I’ll probably need other hug like this one in the future.” Avait-il lancé d’un ton plus léger lorsqu’il était venu le temps de s'écarter d’elle, et même si l’émotion le tenait cette dernière n’avait pas eu raison du sourire réconfortant qui s’était fait une place sur son visage.

Peter & Henrietta

Si seulement la vie était simple, Henrietta ne serait sans doute pas là en train de discuter de ce genre de choses avec son père. Elle serait sans doute toujours dans son monde, elle aurait grandi avec ses parents comme n’importe quel autre enfant et n’aurait pas vécue tout ce qui avait fait d’elle la femme qu’elle était aujourd’hui. Il lui arrivait d’espérer avoir une vie normale, de temps en temps. Mais elle était presque certaine, au fond d’elle, que ce n’était pas vraiment ce qu’elle voulait. Chaque épreuve l’avait forgée, petit à petit. Elle n’irait, bien entendu, pas jusqu’à dire qu’elle était parfaite, mais elle savait, dans le fond, qu’elle pouvait être fière de ce qu’elle était devenue. En tout cas, elle se sentait en accord avec ses principes et ses valeurs, ce qui était sans doute l’essentiel. Alors une nouvelle dingue de plus, elle n’était clairement plus à ça près.

« Oh, niveau nouvelle de dingue, je crois que c’est pas la pire. »

Et puis, c’était plutôt une bonne nouvelle d’une certaine manière, non ? Elle avait un frère. Bon, d’une version alternative de sa mère, certes, mais quelle importance ça faisait, au final ? Aucune. Elle qui s’était toujours demandé ce que ça faisait de faire partie d’une fratrie, elle entrait à présent dans le lot. Même si elle ne savait pas encore quand elle allait rencontrer Henry, ni même si ça se ferait un jour. Après tout, elle avait beau bien prendre la nouvelle, ce ne serait pas forcément son cas à lui. Elle ne savait pas comment il était, ni même s’ils se ressemblaient beaucoup tous les deux. C’était, pour l’instant, des interrogations qui restaient en suspens dans son esprit.

L’étreinte de son père avait eu quelque chose de rassurant pour la petite fille qui sommeillait toujours en elle. Elle n’avait pas eu droit à beaucoup d’étreintes de ce genre, après tout. Ça lui avait manqué, tout au long de sa vie, surtout quand elle avait été plus jeune. Autant dire qu’elle ne mentait pas quand elle disait qu’elle aurait toujours besoin de lui. Elle avait toujours eu besoin de lui.

« T’en auras d’autres, t’inquiète pas. »

Tout un tas d’autres, d’ailleurs, il n’y avait aucun doute là-dessus. Du moins, Henrietta l’espérait. Ils avaient bien le droit à un peu de tranquillité maintenant, non ?

I'll be there for you

A ce stade Peter n’aurait pas dû être surpris, sa vie entière était un enchaînement d'événements tout aussi étranges que singuliers. Sa famille n’avait rien de conventionnelle, dans tous les sens du terme. Il imaginait bien que s’il n’était pas né Bishop les choses auraient été bien différentes, ou alors s’il n’était pas tombé malade étant enfant. Il y a tellement de choses qui pourraient être différentes si l’on changeait un seul facteur, c’était bien là la complexité et la beauté de la science et de la vie par la même occasion. Si ça et le fait d’avoir percé certains des mystères des univers parallèles étaient des choses qui le fascinaient, cependant il aurait préféré que les probabilités et le sort ne s’amusent pas avec sa famille. Il aurait aussi beaucoup apprécié que ça ne continue pas avec sa famille au présent et au futur d’ailleurs. “Really ? Well it looks like we are a strange family, for the better and for the worse.” Il essayait de philosopher sur la chose, valait mieux en rire qu’en pleurer et il savait qu’il ne valait mieux pas s'apitoyer sur son sort. Il fallait bien continuer la tête haute, si on se laissait abattre les galères ne s’arrêteraient jamais, et Peter était déterminé à faire en sorte que les choses s’arrangent.

Il avait eu besoin de cette étreinte et il avait été réellement heureux qu’elle accepte. Après tout il avait bien appris certaines choses de son passé dans l’année qui précédait alors qui sait de quoi le futur était fait. Si elle ne l’avait pas accueilli en lui hurlant dessus ou en lui mettant une gifle c’était qu’ils en de bons termes. Il y avait au moins une chose de rassurante dans toute cette histoire. “I’m happy to hear that.” Il l’était réellement et il avait grand hâte d’apprendre à la connaître. Même s’il n’était pas sûr de savoir y faire en tant que père, il savait qu’essayer de faire au mieux ça serait déjà un grand pas. “What do you say we go and talk about our crazy stories ?”

Peter & Henrietta

La complexité de sa famille, Henrietta y était habituée depuis qu’elle était toute petite. Et la complexité de la vie également. Elle n’avait pas eu une enfance comme les autres, c’était certain. Elle avait grandi à une époque que personne n’aurait aimé connaître sans doute. Ça lui avait forgé le caractère, ça l’avait rendue plus forte qu’elle n’aurait dû l’être. Et même si une vie normale était toujours ce qu’elle avait désirée, elle ne regrettait pas d’avoir vécu toutes ces choses. C’était un mal pour un bien, une période de leur histoire sur laquelle elle avait pu laisser une trace. Même si l’histoire de leur monde n’avait pas tellement d’importance ici. Mais ça en avait pour elle, et ça en aurait sans doute pour son père également, une fois qu’elle lui aurait tout raconté. Même si elle n’était pas forcément prête à lui dire qu’elle était morte, parce qu’elle savait parfaitement de quelle façon il allait prendre cette nouvelle. Le pire, c’était sans doute bien cette partie.

« Surtout pour le meilleur. »

Le meilleur qui était sans doute à venir, en réalité. Du moins, elle l’espérait. Henrietta voyait ce nouveau monde comme une nouvelle chance. Ce qui n’était pas vraiment étonnant quand on était mort. N’importe quel nouvel endroit pouvait prendre cette symbolique dans ces circonstances. Mais le fait d’avoir retrouvé son père renforçait encore plus ce sentiment qu’elle avait. Même s’ils n’étaient pas chez eux, même si toutes les personnes à qui ils tenaient n’étaient pas là, ils pouvaient quand même tenter de construire quelque chose de bien. Et c’était sans doute tout ce qui importait quand on avait eu une vie aussi mouvementée que la leur. Bien sûr, ils n’étaient certainement pas au bout de leurs surprises encore. Mais ils étaient ensemble, et c’était sans doute le plus important.

« Ce serait super. Y a un café pas très loin si tu veux. »

Qu’Henrietta connaissait plutôt bien, à vrai dire, étant donné qu’elle s’y rendait assez souvent. Et ça leur permettrait de s’installer tranquillement pour continuer leur discussion. Parce qu’ils avaient sans aucun doute encore beaucoup de choses à se dire.

I'll be there for you

Il ne se souvenait même plus de la dernière fois que les choses avaient été simples, sa vie d’enfant n’avait déjà pas été une sinécure mais sa vie d’adulte non plus. Il avait eu de la chance en quelque sorte, les choses s’étaient plus ou moins calmé dans sa vie privée en travaillant avec Olivia et Walter. Il avait une toute nouvelle opinion sur son père aujourd’hui en comparaison à ce qui été il y a quelques années de ça. Lorsqu’il regardait sa vie aujourd’hui il n’était pas réellement mécontent malgré tout ce qui lui tombait sur le coin du nez. Olivia avait disparu, il avait appris qu’il avait un fils et aujourd’hui une fille. Il avait appris à s’adapter, à faire avec les événements alors même s’il était peiné et inquiet de la disparition de Olivia il avait décidé de ne pas céder à la panique, il trouverait bien une solution. Lorsqu’elle insista sur le meilleur, il ne put réprimer un sourire tendre et affectueux. “From what I can see, definitely for the better.” Apprendre qu’on était père d’une fille qui avait l’air d’être aussi formidable et forte que sa mère ça ne pouvait être que le meilleur qui se présentait à lui alors qu’il ne s’y attendait pas.

S’il s’était senti perdu et déboussolé dans un premier temps, là ça allait déjà mieux. “Okay, it sounds great.” Si jamais il avait quelque chose de prévu au premier abord, ça n’avait plus la moindre moindre importance maintenant qu’Henrietta était là devant lui. Il la suivit de bon cœur jusqu’au café, il avait hâte d’en apprendre plus sur elle. “It’s been a long time that you’ve been here ? Did you have the opportunity to meet someone else that you know or something ?” Le café dont elle avait parlé n’était pas très loin de là où ils se trouvaient, si bien qu’ils n’avaient pas mis bien longtemps à l’atteindre et à s’installer. Il avait l’impression d’être insistant dans sa façon de la regarder, mais elle ressemblait tellement à Olivia qu’il ne pouvait pas s'en empêcher. Lui poser des questions sur le futur était une chose vraiment tentante mais pour le moment ça n’était pas ce qui était le plus important pour lui, c’était elle qui lui importait ici et maintenant, parce qu’il voulait en savoir plus sur son enfant, sur la relation qu’il avait avec elle.  

Peter & Henrietta

Henrietta ne pensait pas se retrouver un jour dans un monde où il serait normal pour elle d’aller boire un café avec son père. En réalité, à ses derniers instants dans son monde, elle pensait qu’il n’y aurait plus rien. Même si la mort était un mystère pour tous, chacun avait son opinion bien arrêtée sur la chose. Du côté de la blonde, c’était un arrêt complet de tout qui ne menait à rien. Ni paradis, ni enfer, ni d’entre deux. Une opinion simplement scientifique, qui s’appuyait sur l’arrêt des organes vitaux sans penser à l’existence possible d’une âme qui irait ailleurs ou resterait sur place. Elle avait sans doute adopté cette opinion parce qu’elle était plus simple à supporter, d’une certaine manière. Et de toute manière, elle n’avait toujours pas la réponse à cette question.

« Ça fait un certain temps mais non, j’ai rencontré personne que je connaissais encore. »

Ce temps se calculait en semaines à présent, bientôt en mois. Elle avait eu le temps de s’installer et de voir les choses venir, mais son père était la première personne de son monde qu’elle rencontrait. Ce qui n’était sans doute pas plus mal, d’une certaine manière. Ça lui avait permis de prendre le temps de s’adapter, de se concentrer sur autre chose et aussi de trouver sa place dans cet univers encore nouveau pour elle.

« Mais j’ai trouvé un travail. Dans une organisation dont j’ai normalement pas le droit de parler, vu que c’est confidentiel. »

Chose qui lui convenait bien d’ailleurs, même si ça pouvait être contraignant quand elle rencontrait quelqu’un et qu’on lui demandait ce qu’elle faisait dans la vie. Disons qu’on finissait par s’y faire, et que ça lui allait parfaitement. Henrietta adorait son boulot, et elle aurait sans doute eu du mal à trouver autre chose si elle ne s’était pas retrouvée face à cette opportunité.