Some heroes don't wear cape + ft. Buck

Some heroes don't wear cape

I

l faisait beau. Le soleil était de sortie, la température était agréable, quoi de mieux pour une petite randonnée ? Après ces derniers jours passés enfermé à cause de la pluie qui tombait en torrent, Stella avait besoin de prendre l’air. Elle s’était donc équipée. Son sac sur le dos, ses chaussures de rando aux pieds, c’est vers le sentier de Little Willow Wood que la jeune femme s’était dirigée. Treize kilomètres à parcourir, elle allait sans aucun doute y passer une bonne partie de la journée, même si elle ne le pensait pas à ce point. Et surtout pas pour les raisons qui allaient suivre. Cela faisait bien une bonne heure que Stella marchait à travers les bois, dans le calme, ses pieds écrasant les feuilles encore humides qui se trouvaient au sol. C’est le bruit d’un animal qu’elle n’eut pas le temps de voir, passant sur le chemin qui la fit sursauter. Et glisser surtout. Elle n’avait pas pu se rattraper, chutant dans le ravin sur le bord du chemin jusqu’à y finir tout en bas et perdre connaissance.

Elle ne savait pas combien de temps elle était restée inconsciente. Quand elle rouvrit les yeux, il faisait encore jour, et un mal de tête de compétition était en train de lui marteler le crâne. Elle toucha son front, grimaçant en sentant une douleur plus vive au niveau de son sourcil. En regardant sa main, elle se rendit compte qu’elle saignait. Sa tête avait dû heurter quelque chose durant sa chute. Clairement, elle ne pouvait pas rester là. Et c’est en essayant de se relever qu’une douleur encore plus vive se fit sentir dans sa cheville droite avant qu’elle ne se laisse retomber au sol. En baissant les yeux, Stella se rendit compte que sa cheville était gonflée, peut-être même sans doute cassée. Super. Il ne lui restait plus qu’une seule solution. Retirant son sac de ses épaules, elle en sortit alors son téléphone dans l’intention d’appeler les secours. Pas de réseau. Évidemment, ça aurait été beaucoup trop simple. Et oui, elle était sacrément dans la merde.

Son dernier recours était d’appeler à l’aide en espérant que quelqu’un passe dans le coin. Et elle avait passée des heures à le faire sans qu’une seule âme vivante ne se manifeste. A l’exception d’un petit lapin qui était venu lui tenir compagnie pendant quelques minutes. Elle n’avait plus d’eau dans sa gourde, plus rien non plus pour se nourrir. Et oui, elle pensait qu’elle était fichue et qu’elle allait mourir ici. Du moins, jusqu’à ce que des bruits de pas se fassent entendre au-dessus d’elle, sur le sentier. C’était maintenant ou jamais.

« Au secours ! S’il vous plait, j’ai besoin d’aide ! »

Est-ce qu’elle avait criée assez fort, elle n’en savait rien. Et pendant quelques secondes, elle se dit même que c’était sans doute un animal qui était passé et qu’elle avait juste dépensée son énergie pour rien. Du moins, jusqu’à ce qu’elle aperçoive un visage qui s’était penchée vers elle. Merci mon dieu, elle n’allait pas mourir ici.

« Je crois que ma cheville est cassée… S’il vous plait, est-ce que vous pouvez appeler les secours ? »

Si elle ne se sentait pas aussi épuisée, Stella aurait sans doute pleurée de soulagement à cet instant. Même si elle n’était pas encore sortie d’affaire, il y aurait au moins quelqu’un pour lui tenir compagnie jusqu’à l’arrivée des secours. Et c’était juste ce qu’elle demandait. Ces dernières heures passées seule au fond de ce ravin avaient été particulièrement éprouvantes pour elle.

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Q

uel était son degré de chance, aujourd’hui ? Si on prenait simplement en compte sa chute dans ce ravin, il serait certainement très bas. Mais le fait que quelqu’un l’ait entendu, et qu’en plus de cela, il s’agissait d’un pompier, ça faisait remonter un peu les statistiques. Même si, aux premières secondes de leur échange, Stella avait failli lui hurler dessus pour qu’il aille chercher de l’aide, elle s’était rapidement ravisée. Il fallait qu’elle calme ses nerfs à vif, autant attisé par la douleur que par son état global au fond de ce ravin. Elle n’avait pas bu depuis plusieurs heures maintenant, et la déshydratation devait sans aucun doute lui jouer des tours. Ce qui n’était certainement pas une raison pour agresser verbalement ce gentil pompier – plutôt mignon – qui lui venait en aide à cet instant.

« Je serais pas contre un peu d’eau, si vous en avez. »

Et un cachet contre le mal de crâne, mais elle n’était pas certaine que ce soit spécialement recommandé. De toute manière, il était pompier, donc il pourrait sans doute voir ce qu’il pourrait lui donner avant de la conduire à l’hôpital. Enfin, en théorie. Est-ce que tous les pompiers avaient une formation médicale ? Stella doit bien avouer qu’elle ne s’était jamais posé cette question. Autant, elle savait tous des prérogatives concernant les Texas Rangers, mais pour les pompiers, elle n’en avait pas la moindre idée. Et elle serait sans doute bientôt fixée sur la question. Elle ne savait pas à quoi ce Evan Buckley était boosté, mais il était déjà de retour.

« Oui. Je suis plus à cinq minutes près de toute façon. »

Quel humour, mademoiselle Walker. Au moins, lui parler lui permettait de passer un peu outre de la douleur. Rien qu’un peu, parce qu’elle était tout de même toujours présente. Et pour l’instant, elle ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre. Stella entendait d’ailleurs le pompier s’agiter au-dessus de sa tête. Elle évitait de lever les yeux vers lui, histoire de ne pas se prendre de la terre ou tout autre débris dans les yeux. Mais il ne tarda pas à arriver à sa hauteur. Et autant dire que la vue de près était même bien meilleure de ce qu’elle avait pu voir de loin. Cette pensée la fit d’ailleurs légèrement rougir alors qu’elle détournait le regard.

« Alors… Comment vous allez vous y prendre pour me sortir de là, Evan ? »

Ça lui paraissait assez compliqué, quand elle analysait la situation. Mais elle n’était pas pompier, donc il était probablement normal qu’elle n’ait aucune idée de la façon de se sortir de là, même avec un peu d’aide. C’était sa cheville qui rendait l’opération assez compliquée, en réalité. Elle ne pouvait pas s’appuyer dessus, enfin sauf s’il voulait la voir s’écrouler de douleur et pleurer comme un bébé. Stella ne le voulait pas, en tout cas.

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D

e l’eau. Rien que pour ça, Stella était incroyablement reconnaissante qu’Evan lui soit venu en aide. Il avait réussi à lui envoyer la bouteille sans trop de mal avant de partir chercher elle ne savait trop quoi. Sans doute une corde ou quelque chose dans le même genre pour pouvoir la remonter. En tout cas, elle n’avait pas eu le temps de le remercier qu’il n’était déjà plus là. Et il faut dire aussi qu’elle avait rapidement attrapée la bouteille d’eau pour la vider presque de moitié. Elle était littéralement en train de mourir de soif avant qu’il n’arrive, et sentir l’eau glisser le long de sa gorge était clairement un soulagement. Qu’elle essayait quand même de contrôler un minimum histoire de ne pas boire trop d’un coup. Ce serait bête de se retrouver une nouvelle fois sans eau alors qu’elle ne savait pas combien de temps son sauvetage allait lui prendre. Elle en avait peut-être encore pour un moment avant de sortir de là et d’arriver à l’hôpital.

Même si elle doit bien avouer qu’elle en avait douté pendant un instant quand elle s’était rendu compte à quelle vitesse ce pompier était déjà de retour. Stella espérait qu’il était tout autant efficace qu’il pouvait être rapide, et c’était sans doute le cas. C’était son métier, après tout, de porter secours aux gens. Il savait normalement ce qu’il faisait, et c’était une base assez solide à ses yeux pour lui faire confiance. La preuve en était qu’il avait fini par arriver à sa hauteur sans que la corde n’ait lâché et sans vraiment de mal, en plus de ça. Elle allait bientôt pouvoir sortir de là. Enfin bientôt… Pas tout de suite, c’était certain. Mais elle n’allait plus passer beaucoup de temps au fond de ce ravin qu’elle voyait beaucoup plus comme un trou sans fin, à présent.

« Stella. Stella Walker. »

Il lui avait donné son patronyme au complet, alors elle pouvait bien en faire de même. Et elle avait beau apprécier sa compagnie, elle avait moyennement apprécié qu’il lui touche la cheville. Une grimace s’était affichée sur son visage alors qu’elle retenait ses larmes de douleur. Ce qui avait visiblement été une réaction suffisante pour lui prouver qu’elle était incapable de tenir debout. Mais… L’idée du harnais l’inquiétait un peu.

« Vous allez pas me remonter en me trainant du bout de la corde, rassurez-moi ? »

Oui, tenir une conversation lui évitait aussi de trop penser à la douleur qui était en train de remonter le long de sa jambe. Sa tête lui faisait toujours mal aussi, mais c’était clairement moins important que sa cheville. Même si elle voyait bien qu’il faisait attention, Evan ne pouvait malheureusement pas rendre sa cheville moins sensible qu’elle ne l’était. Et puis… Ben elle se demandait vraiment comment il allait la remonter, en réalité. Elle n’y connaissait rien, et les seuls harnais qu’elle avait déjà vu, c’était ceux de l’acrobranche qu’elle avait fait avec sa mère et son frère quand elle était petite. Et là clairement, ça allait être compliqué de sauter d’arbre en arbre pour remonter.

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S

tella n’aimait pas ce qu’elle était en train d’entendre. Rien que le fait qu’Evan lui précise que ça n’allait pas lui plaire était une chose qui ne lui plaisait pas, justement. Il n’y était pour rien, bien évidemment. Elle ne lui en voulait même pas d’ailleurs, même s’il allait la faire souffrir en immobilisant sa cheville. C’était plus à elle qu’elle en voulait, en réalité. Elle aurait dû faire plus attention, ou même ne pas du tout entreprendre cette randonnée après les jours de pluie qu’il y avait eu à Nemaia. Elle avait été idiote, imprudente, et elle en payait le prix maintenant. Si son père avait été là, il aurait était mort d’inquiétude et lui aurait certainement fait la morale. Ce qui aurait été totalement mérité.

« Faites ce que vous avez à faire. »

La jeune femme s’était dit qu’elle allait faire son possible pour garder la face mais… Stella n’avait jamais été douée pour cacher sa douleur. A peine commençait-il à bouger sa cheville qu’elle grimaçait déjà de douleur et se retenait de crier. Elle serrait d’ailleurs tellement la mâchoire qu’une larme s’était mise à couler au coin de son œil. Ce n’était clairement pas une partie de plaisir malgré la personne qui s’occupait d’elle. Mais elle souffrait déjà moins, une fois sa cheville correctement maintenue. Ce qui était sans doute un bon signe. Peut-être qu’elle n’avait rien de cassé, et ça l’arrangerait grandement. Se rendre en cours en béquille, ce n’était pas vraiment l’un de ses objectifs de vie.

« Oh d’accord. »

Elle n’était pas totalement convaincue par cette méthode pour la remonter, mais les choix devaient être fortement limités. Et puis, il semblait savoir ce qu’il faisait, alors elle avait décidé de lui faire confiance. Voilà comment elle s’était retrouvée sur son dos, à s’accrocher comme elle le pouvait avec ses bras, à un total inconnu qu’elle avait rencontrée il y a seulement quelques minutes. Si on lui avait raconté ça ce matin, elle n’y aurait pas cru, clairement.

« Je vous promets rien, mais je vais essayer. »

Toujours accrochée, Stella avait calé sa tête contre l’un de ses bras et avait fermé les yeux tout le long de la montée. Si elle risquait de tomber, elle ne voulait pas le voir, sinon elle allait paniquer. Ce qui était sans doute idiot, mais ça la rassurait. Et ils n’avaient pas tardé à arriver en haut. La jeune femme avait alors reposé pied à terre mais… Non, elle ne pouvait pas marcher. Sa cheville la faisait beaucoup trop souffrir pour qu’elle puisse s’appuyer dessus. Elle allait devoir se rendre à l’hôpital.

« Elles le sont pas, sinon je serais encore en train de pleurer comme un bébé. »

Ce qui voulait dire que Stella n’était clairement pas une dure à cuire, loin de là. C’était tout le contraire, même. Elle détestait être blessée, elle détestait souffrir. Enfin, comme tout le monde, mais disons qu’elle ne jouait pas la maline quand c’était le cas. Alors elle ne refusait pas à nouveau le dos d’Evan pour se rendre jusqu’à la voiture, bien au contraire. Ni même de monter dans cette voiture qui était vachement plus confortable que le fossé dans lequel elle était tombée.

« J’ai glissé, chef. Vraiment, je faisais une randonnée et avec les feuilles humides, j’ai pas bien géré mon équilibre. »

Ça lui apprendrait. Surtout qu’elle n’allait plus pouvoir faire de randonnée pendant un bon moment, et ça l'agaçait. C’était son échappatoire, très souvent. Comme monté à cheval, mais là encore, elle allait devoir s’abstenir. En fait, elle allait devoir arrêter beaucoup de choses le temps de se soigner et ça allait sans doute être très compliqué.

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O

n ne pouvait pas dire que Stella avait beaucoup de courage. Enfin, disons qu’elle en avait, d’une certaine manière, dans des circonstances un peu particulières. Comme quand cet homme était venu chez eux et qu’il avait tiré sur son oncle. Une chose à laquelle elle essayait de penser le moins souvent, mais où elle avait dû trouver ce courage pour protéger son petit frère. Là, les circonstances étaient bien différentes. Elle n’avait personne à protéger, et c’était elle qui s’était retrouvée blessée. Mais elle avait eu de la chance qu’Evan soit passé dans le coin et qu’il l’ait trouvé. Elle préférait penser à cela plutôt qu’à la douleur qui était en train de lui tirailler la cheville et la tête. Et qui ne la quitterait sans doute pas les prochains jours. Ça allait être sympa de se rendre en cours en béquilles.

« C’est parce que je suis bonne comédienne. Intérieurement, j’ai envie d’hurler. »

Ou d’être à nouveau assommée pour ne plus rien sentir, c’était au choix. Mais bon, devenir adulte, c’était encaisser les chocs, même si elle n’aimait pas ça. L’époque où sa mère désinfectant ses écorchures et où son père la roulait dans une couverture pour lui lire une histoire lui manquait parfois. Tout était clairement plus simple à ce moment-là. Maintenant, elle se retrouvait dans un autre monde, à tomber dans un ravin, se tordre la cheville, et dire à un pompier mignon qu’en fait, elle était une véritable poule mouillée. On pouvait dire qu’elle avait eu des instants plus glorieux que ça.

« Sans doute, oui. Vous avez dû voir des trucs bien pires. »

Stella n’était pas inconnue des trucs horribles qui pouvaient se produire. Après tout, son oncle s’était fait tirer dessus, sa mère avait été assassinée, et son père était un Texas Ranger. Sans parler du fait qu’elle était étudiante en criminologie, évidemment. Elle en avait entendue des horreurs, étudiée aussi pour certains de ses cours. Même si, bien sûr, ce n’était pas des accidents. Ce qui rendait justement les accidents moins inquiétants, d’une certaine manière.

« Et vous, qu’est-ce que vous veniez faire dans le coin? »

Parce qu’il n’était pas en service, comme il le lui avait déjà dit. Pas qu’elle pensait qu’il était un rôdeur ou autre tordu de ce genre, en vérité, c’était surtout pour faire la conversation. Stella détestait les silences en voiture. Ça lui rappelait les fois où elle se disputait avec son père et qu’il y avait un silence de mort après. Pas ses meilleurs souvenirs, loin de là.